Réfugiés dans leur petite caravane installée à Corryong, dans le sud-est de l’Australie, Cynthia Bolduc et Paul Lévesque ont passé leur dernière journée de l’année 2019 entourés par les flammes.

« Le feu était à 100 pieds de nous », a décrit Mme Bolduc à La Presse, hier. « On recevait des branches d’arbres sur la caravane, il faisait extrêmement chaud. » « Les feuilles brûlées tombaient autour de nous », a ajouté son conjoint.

On entendait le crépitement du feu. […] Je n’ai pas dormi de la nuit.

Paul Lévesque

Alors que les incendies de forêt et de brousse continuent à dévaster une partie de l’Australie, les résidants et les visiteurs des zones touchées doivent redoubler de prudence pour échapper aux brasiers.

Jeudi, la destruction de 381 maisons et la mort d’au moins huit personnes cette semaine ont été confirmées par les autorités. Le premier ministre de l’Australie a fait face à de nombreux sinistrés en colère alors qu’il visitait des collectivités touchées. Les images d’une femme refusant de lui serrer la main ont fait le tour des réseaux sociaux.

Ordre d’évacuation

Mme Bolduc et M. Lévesque sont en vacances en Australie pour six semaines. Ils croyaient avoir échappé aux flammes lorsqu’un brasier s’est déclaré sur leur route.

C’est après un détour de 11 heures dans l’Australie rurale qu’ils sont finalement arrivés à Corryong, où ils croyaient être en sécurité : « Pas de feu important à l’horizon, tout était parfait », a relaté le couple de Val-d’Or.

C’était sans compter avec les vents, qui font progresser les flammes à une vitesse folle. « Nous sommes allés à notre camping, et à peine 20 minutes après nous être installés, le propriétaire nous a demandé d’évacuer, parce que le feu arrivait à une vitesse incroyable », explique-t-elle. « Aucun moyen de quitter le village, les autorités ont barré toutes les routes. »

Les pompiers décident alors de défendre la collectivité contre les flammes qui l’entourent. Après 17 heures d’enfer, une voie de sortie est ouverte et le village est évacué.

Malgré sa mésaventure, le couple s’estime tout de même chanceux en comparaison d’autres touristes, coincés sur des plages depuis des dizaines d’heures pour échapper aux flammes.

Des Canadiens déployés

Même si l’Australie est située de l’autre côté du globe, des spécialistes canadiens des incendies de forêt ont tout de même été appelés à la rescousse dans les dernières semaines.

PHOTO JULIAN SMITH, ASSOCIATED PRESS

Des pompiers canadiens et américains à leur arrivée à l'aéroport de Melbourne, jeudi

Ils seront bientôt 95 sur le terrain, intégrés aux unités locales, a expliqué Mélanie Morin, du Centre interservices des feux de forêt du Canada (CIFFC). « Personne n’a un casque et un boyau d’arrosage dans les mains, mais ce sont des gens d’opérations, des gestionnaires d’incident », a-t-elle indiqué. « Ce sont des gens qui sont formés pour des tâches spécifiques », par exemple établir des stratégies d’attaque de brasiers, a-t-elle continué.

« Certains travaillent dans des avions ou des hélicoptères sur la ligne », a expliqué Marc Mousseau, agent de liaison sur place en Australie. Les autres œuvrent plutôt à l’intérieur de centres d’opération. « On veut aider des gens qui sont très fatigués, permettre à des gens de prendre des vacances. »

Ces individus sont déployés pour 38 jours à la fois. Certains sont sur place depuis le début du mois de décembre et ont donc passé les Fêtes sur place.

Du personnel australien avait été déployé à plusieurs reprises au cours des dernières années dans l’Ouest canadien. « C’était à notre tour de leur rendre la réciproque », a dit Mme Morin.