(Pékin) Pékin a accusé mercredi un groupe de sénateurs américains de « mensonges » après leur proposition de déclarer la Chine coupable de « génocide » de musulmans dans la région du Xinjiang.

À quelques jours de l’élection présidentielle aux États-Unis, les relations bilatérales sont au plus bas. Les deux pays s’écharpent sur le commerce, les technologies, les droits humains, Taïwan ou encore la mer de Chine méridionale.  

La résolution des sénateurs américains accuse Pékin de répression « contre les Ouïghours, les Kazakhs, les Kirghizes et les membres d’autres groupes minoritaires musulmans ». Elle dénonce un « génocide ».

La Chine a été frappée par de nombreux attentats à la bombe ou à l’arme blanche, attribués à des séparatistes et extrémistes ouïghours. Ils ont fait des dizaines de morts et des centaines de blessés civils.

Vaste région semi-désertique où les Ouïghours représentent près de la moitié de la population, le Xinjiang fait l’objet depuis quelques années d’une très ferme reprise en main sécuritaire, au nom de la lutte antiterroriste.

Plus d’un million de personnes ont été internées dans des « camps », selon des organisations de défense des droits humains. La Chine affirme qu’il s’agit surtout de « centres de formation professionnelle » pour aider la population à trouver un emploi et ainsi l’éloigner de l’extrémisme religieux.

« Ces sénateurs américains s’acharnent à fabriquer toutes sortes de mensonges pour discréditer la Chine et en tirer un bénéfice politique personnel », a dénoncé mercredi devant la presse Wang Wenbin, un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.

« De 2010 à 2018, la population ouïghoure du Xinjiang est passée de 10,17 millions à 12,72 millions […] Sur quelle base se fondent ces accusations d’un prétendu génocide ? », s’est-il interrogé.

Il a reproché en retour aux États-Unis « l’assimilation et le massacre à grande échelle » des Indiens d’Amérique. « N’est-ce pas là un génocide ? », s’est demandé le porte-parole.

La résolution des sénateurs américains a été déposée par des élus des deux partis, républicain et démocrate. Il est toutefois peu probable qu’elle soit approuvée rapidement, le Sénat étant en vacances parlementaires jusqu’à l’élection présidentielle du 3 novembre.

L’ONU définit le génocide comme un crime commis « dans l’intention de détruire, ou tout, ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux », notamment par des mesures « visant à entraver les naissances au sein du groupe ».

La Chine est accusée par une étude publiée par l’institut de recherche américain Jamestown Foundation de « stérilisations forcées » au Xinjiang.