(Colombo) La Chine a averti mardi les États-Unis qu’il ne fallait pas « contraindre et intimider » le Sri Lanka, juste avant l’arrivée du secrétaire d’État Mike Pompeo dans cette île de l’océan Indien stratégiquement située.

Durant sa visite à Colombo, M. Pompeo devrait demander au président sri-lankais Gotabaya Rajapaksa, proche de Pékin, de faire des choix difficiles.

« Nous sommes fermement opposés à ce que les États-Unis saisissent l’occasion de la visite du secrétaire d’État pour semer le trouble et interférer dans les relations entre la Chine et le Sri Lanka, et pour contraindre et intimider le Sri Lanka », a déclaré l’ambassade de Chine à Colombo.

M. Pompeo est arrivé mardi soir à Colombo venant de New Delhi où il avait entamé lundi une tournée en Inde, au Sri Lanka, aux Maldives et en Indonésie.

Au début de sa tournée, le responsable de la diplomatie américaine pour l’Asie du Sud, Dean Thompson, a indiqué que le secrétaire d’État allait demander à Colombo de réétudier les possibilités offertes par Washington.

La visite de M. Pompeo au Sri Lanka intervient moins de trois semaines après celle du principal chef d’orchestre de la diplomatie chinoise, Yang Jiechi. Ce dernier, plus haut responsable du Parti communiste chinois pour la politique étrangère, s’était engagé à augmenter l’aide économique au Sri Lanka.  

Colombo s’est lourdement endetté auprès de la Chine pour développer ses infrastructures et chercher son soutien politique à l’ONU afin de repousser des accusations de violations des droits de l’homme notamment dans les derniers mois de la longue guerre civile avec la minorité tamoule.

Washington insiste sur la crédibilité d’enquêtes accusant l’armée sri-lankaise d’avoir tué au moins 40 000 civils pour écraser la rébellion en 2009.

Le président Gotabaya Rajapaksa était à l’époque l’un des plus hauts gradés de l’armée et son frère aîné Mahinda, l’actuel premier ministre, était alors président. L’alliance des frères Rajapaksa a remporté en août les élections législatives.

M. Pompeo devrait soulever la question des droits de l’homme lors de sa rencontre avec les frères Rajapaksa prévue mercredi à Colombo. La capitale sri-lankaise est placée en confinement partiel en raison d’une hausse des cas d’infections au nouveau coronavirus.

Le secrétaire d’État américain doit également déposer une couronne à l’église Saint-Antoine à Colombo où 56 personnes ont été tuées dans les attentats djihadistes coordonnés qui ont fait au total 279 morts, dont cinq Américains, le dimanche de Pâques l’an dernier dans trois églises et trois hôtels.