(Washington) Les États-Unis et la Chine ont intensifié lundi leur cycle de représailles et contre-représailles autour du sort de Hong Kong, Washington annonçant la fin d’exportations d’armements à l’ex-colonie britannique après la mise en place de restrictions de visas par Pékin.

Invoquant la « sécurité nationale des États-Unis », le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo a décidé de mettre fin aux ventes d’équipement de défense sensible à Hong Kong pour éviter « qu’il tombe aux mains » de l’armée chinoise, « dont l’objectif premier est de préserver la dictature du Parti communiste chinois par tous les moyens nécessaires » selon lui.

Le gouvernement américain va aussi « prendre des mesures pour imposer, s’agissant de Hong Kong, les mêmes restrictions sur les technologies américaines de défense et à double usage civil ou militaire qu’il impose pour la Chine ».

« Dès lors que Pékin considère Hong Kong comme “Un pays, un système”, nous devons en faire de même », a estimé Mike Pompeo.

Les États-Unis accusent la Chine d’avoir remis en cause ses engagements internationaux, et le principe « Un pays, deux systèmes » qui octroyait à l’ex-colonie britannique une vaste autonomie depuis sa rétrocession par Londres en 1997.

En cause, une loi sur la sécurité que Pékin veut imposer au territoire.

Le texte, actuellement en discussion au parlement national, pourrait être voté dans les prochaines heures. L’objectif affiché est notamment de lutter contre le séparatisme, le terrorisme, la subversion et la collusion avec des forces étrangères.

Menace d’autres mesures

Mais pour le président américain Donald Trump comme pour d’autres pays occidentaux, Royaume-Uni en tête, il s’agit surtout de museler l’opposition prodémocratie hongkongaise après les manifestations monstres de l’an dernier, qui visaient à dénoncer l’influence du gouvernement central, dirigé par le Parti communiste chinois.  

Échaudé par ces évènements, Pékin veut imposer depuis mai cette loi sur la sécurité nationale en contournant le Conseil législatif local. Elle fait craindre à l’opposition hongkongaise un recul sans précédent des libertés dans cette région de 7,5 millions d’habitants.

Après l’annonce de cette loi, Donald Trump avait ouvert la voie à une remise en cause du statut préférentiel dont bénéficiait Hong Kong auprès des États-Unis. Aux yeux du milliardaire républicain, il s’agit de faire comprendre à la Chine que Hong Kong, sans autonomie réelle, peut perdre sa prospérité et son attractivité, et donc son rôle de place financière mondiale si important pour l’économie chinoise tout entière.

Mais les premières réponses américaines étaient restées relativement limitées, et le Congrès des États-Unis menace de sanctions beaucoup plus dures et systématiques, déjà votées par le Sénat en l’attente d’un feu vert de la Chambre des représentants.

Mike Pompeo a prévenu lundi que le gouvernement américain allait aussi « prendre d’autres mesures ».

En attendant, Pékin a montré son intention d’entretenir l’escalade.

Les autorités chinoises ont annoncé lundi des restrictions de visas contre les Américains « s’étant mal comportés » en critiquant cette loi controversée sur la sécurité nationale.

Il s’agit d’une mesure de rétorsion. Mike Pompeo avait décidé de prendre des mesures similaires la semaine dernière contre des fonctionnaires ou dirigeants chinois « considérés responsables, ou complices, de la remise en cause du haut niveau d’autonomie » de Hong Kong.

Donald Trump « a promis de punir les responsables du Parti communiste chinois à l’origine du démantèlement des libertés de Hong Kong », avait alors martelé le secrétaire d’État.

« Les États-Unis ne parviendront jamais à entraver les efforts de la Chine pour faire progresser la législation hongkongaise en matière de sécurité nationale », a réagi lundi Zhao Lijian, un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.

Depuis la rétrocession, les habitants de Hong Kong jouissent de la liberté d’expression, de la liberté de la presse, d’une justice indépendante et d’un système capitaliste qui a fait le succès du territoire.

Mais la « région administrative spéciale » est dirigée par un exécutif dont les membres sont systématiquement inféodés à Pékin, aux termes d’un processus de sélection qui écarte les personnalités militant pour davantage de droits.