(New Delhi) Des millions d’Indiens pourront reprendre le travail à compter de la semaine prochaine, malgré le confinement, après l’annonce mercredi par New Delhi de nouvelles règles qui encadrent une reprise partielle de l’activité économique, en pleine pandémie de coronavirus.

« Pour atténuer les épreuves du peuple, des activités économiques supplémentaires seront autorisées » à partir du 20 avril, indique une directive de ministère de l’Intérieur. Un confinement national est en vigueur jusqu’au 3 mai dans le pays de 1,3 milliard d’habitants.

« Les nouvelles directives consolidées ont pour but de faire fonctionner les secteurs de l’économie qui sont vitaux du point de vue du développement agricole et rural », poursuit le texte.

Selon cette réglementation, des secteurs agricoles supplémentaires (plantations, pêche…), la construction et certaines industries pourront notamment reprendre le travail à partir de lundi, sous un certain nombre de conditions.

Certains secteurs essentiels à l’économie étaient déjà théoriquement exemptés des mesures de confinement, mais peuvent faire face dans la pratique à des difficultés pour fonctionner dans un pays à l’arrêt.

Des mesures sanitaires strictes devront être appliquées pour la reprise du travail, en particulier la distanciation sociale et le port d’un masque ou d’une protection sur le visage.

Les chantiers sous l’égide d’un programme gouvernemental d’emploi minimum garanti en zone rurale (MNREGA) seront également autorisés à opérer, ce qui pourrait apporter un répit à certains des Indiens les plus modestes.  

Le confinement a porté un coup terrible aux Indiens les plus pauvres, privant soudain des millions de personnes de leur gagne-pain.

Les villes et villages, aux rues habituellement remplies de foule et de vie, sont déserts, les magasins ont leurs rideaux fermés. Les Indiens issus des campagnes qui viennent travailler en ville, désormais au chômage, se retrouvent à dormir entassés dans des refuges surpeuplés dans les villes, n’ayant pas réussi à rentrer dans leur village, que certains tentent de rallier à pied.

Le confinement intervient en pleine saison des récoltes et les fermiers craignent que leurs cycles de moissons et de semences ne soient sévèrement perturbés dans une Inde où la chaîne d’alimentation est déjà très tendue. Sans compter les retards accumulés dans la livraison des biens alimentaires.

« Afin d’atténuer la sévérité du confinement pour les citoyens, d’autres secteurs, choisis par les autorités, seront autorisés à reprendre leur activité », a déclaré le ministre de l’Intérieur.

L’Asie du Sud risque de réaliser cette année à cause du nouveau coronavirus sa pire performance économique en 40 ans, ce qui va peser sur les efforts pour réduire la pauvreté dans la zone, s’est alarmée la Banque mondiale dans un rapport.

« Il n’y a pas d’acheteurs et je vends très peu », a affirmé mercredi à l’AFP Waseem Ahmed, un vendeur de légumes de la capitale New Delhi, ignorant quand serait son prochain repas ou comment il aurait les moyens de se le payer.

Ce jeune homme de 28 ans a indiqué qu’il devait nourrir une famille de dix personnes et ne pouvait pas quitter le marché de gros où il officiait, la police frappant selon lui toute personne vue dehors pendant le confinement.

Le marché est peu approvisionné en légumes, indique Mohammed Umar, le responsable d’un syndicat local de travailleurs.

« Le peu que nous avons à vendre, on n’en vend que la moitié. Les clients ne viennent pas, car ils ont peur de la police », explique-t-il à l’AFP.  

L’Inde a recensé à ce stade 11 900 cas confirmés de coronavirus, qui y a déjà fait 392 morts, selon le dernier bilan officiel mercredi matin. Ces chiffres sont vraisemblablement sous-estimés en raison de la faiblesse du dépistage.