(Pékin) L’un des plus célèbres avocats chinois emprisonnés, le défenseur des droits de l’homme Wang Quanzhang, a été libéré de prison dimanche, a affirmé à l’AFP son épouse Li Wenzu.

Me Wang, 44 ans, qui a passé près de cinq ans en détention, n’a cependant pas été autorisé à retrouver sa famille, a-t-elle ajouté.  

Selon elle, il a été escorté dimanche matin par la police de la prison de Linyi, dans la province du Shandong, vers une propriété de sa ville natale de Jinan.

« Je pense qu’à chaque étape, les autorités nous ont menti », a expliqué son épouse à l’AFP depuis Pékin, où elle vit avec le jeune fils du couple.   

« Ils ont utilisé le prétexte de l’épidémie pour le placer 14 jours en quarantaine à Jinan alors qu’il aurait dû pouvoir rentrer chez lui à Pékin, conformément aux dispositions légales », selon elle.   

PHOTO FOURNIE PAR LI WENZU VIA AFP

Wang Quanzhang et son épouse Li Wenzu, en janvier 2019

Me Wang avait été arrêté par les autorités chinoises en 2015 en même temps qu’environ 200 autres défenseurs des droits de l’homme.

Mme Li et d’autres observateurs des droits de l’homme redoutent qu’en dépit de cette libération, MWang ne fasse désormais l’objet de graves restrictions de ses libertés.

« Je redoute qu’à long terme, ils le placent en résidence surveillée à Jinan, et que nous ne puissions pas être réunis en famille », a expliqué Mme Li qui, tout au long de ces années, a mené un combat acharné pour obtenir la libération de son mari.

Me Wang avait été condamné en janvier 2019 à quatre ans et demi d’emprisonnement pour « subversion », lors d’un procès à huis clos.  

Dans le passé, il avait défendu des militants politiques, des membres de la secte interdite Falungong ou encore des paysans dépossédés de leurs terres.

Me Quanzhang avait été détenu au secret pendant plus de 1000 jours avant son procès, sans accès à sa famille ni à un avocat.

En juin, pour la première fois, il avait été autorisé à revoir sa famille, soit quatre ans après le début de sa détention.

L’Union européenne a salué cette libération, qu’elle a qualifiée d’« avancée positive ».  

Elle a cependant exigé dans un communiqué « une libération sans condition », lui permettant notamment « de retrouver ses proches et une liberté de mouvement ».  

Depuis l’arrivée au pouvoir du président Xi Jinping début 2013, des associations internationales de défense des droits de l’homme ont dénoncé un durcissement de la répression contre les voix critiques à l’égard du gouvernement communiste.