(Canberra) Des alarmes d’incendie ont retenti dans les gratte-ciel du centre-ville de Sydney et de Melbourne alors que la fumée dense provoquée par les lointains incendies de forêt confond les capteurs électroniques.

Les immeubles de bureaux modernes du gouvernement dans la capitale australienne, Canberra, ont été fermés parce qu’il est dangereux de respirer l’air à l’intérieur.

Le soleil a brillé d’un rouge étrange avec un ciel brun en arrière-plan pendant des semaines au-dessus des zones métropolitaines australiennes qui occupent généralement un rang élevé dans les indices des villes les plus agréables au monde.

Pour les Australiens habitués au ciel bleu et aux journées ensoleillées, la situation fait craindre des conséquences à long terme sur la santé si une exposition prolongée à la fumée étouffante devient la nouvelle norme estivale.

Des préoccupations similaires au sujet de la fumée émergent dans d’autres régions du globe affectées par davantage d’incendies liés au changement climatique, y compris dans l’ouest des États-Unis.

« Je vais accoucher n’importe quel jour maintenant, littéralement, et je vais avoir un nouveau-né que je vais protéger de tout cela », a déclaré Emma Mauch, une mère enceinte de Canberra.

Son amie, Sonia Connor, a décrit comment il était compliqué de garder sa propre fille énergique de 3 ans confinée à l’intérieur de leur maison à Canberra avec des fenêtres et des portes scellées par du ruban adhésif alors que la température extérieure dépassait 42 degrés Celsius.

« Ma fille n’a montré aucun symptôme, disons. Pour moi, je le sens dans mes poumons, ma gorge est bizarre », a déclaré Sonia Connor.

« Cela ne semble pas l’arrêter, mais les effets à long terme ? Qui sait ? Elle a 3 ans. Qui sait ce qui va se passer ? », a-t-elle ajouté.

La joueuse de tennis slovène Dalila Jakupovic est tombée à genoux, prise d’une quinte de toux mercredi alors qu’elle participait à un match de qualification pour l’Open d’Australie à Melbourne.

« Je n’ai jamais vécu quelque chose comme ça », a déclaré Dalila Jakupovic à l’Australian Broadcasting Corp.

« Nous sommes habitués à la pollution - par exemple, nous jouons en Chine et dans des pays plus pollués - mais cette fumée est quelque chose de différent auquel nous ne sommes certainement pas habitués. »

Mardi que la joueuse de tennis canadienne Eugenie Bouchard a eu besoin de soins médicaux lors d’un match de qualification au tournoi de tennis de l’Open d’Australie, tandis qu’au moins un autre match a été annulé en raison de la fumée.

Canberra ainsi que les deux plus grandes villes d’Australie, Sydney et Melbourne, se sont à plusieurs reprises classées au cours des dernières semaines comme les villes les plus polluées du monde, bien que certains soutiennent que les polluants industriels dans des endroits tels que New Delhi sont plus dangereux que la fumée des incendies de forêt.

Les incendies ont fait au moins 27 morts depuis septembre, détruit plus de 2600 maisons et rasé plus de 10,3 millions d’hectares, principalement dans l’État de Nouvelle-Galles-du-Sud. La zone brûlée est plus grande que l’État américain de l’Indiana.

Les admissions à l’hôpital ont augmenté dans les villes touchées par la fumée, certains patients souffrent d’asthme pour la première fois de leur vie. Le gouvernement a réagi en distribuant 3,5 millions de masques de protection respiratoire.

Le médecin-chef de l’Australie par intérim, Paul Kelly, a déclaré qu’il discutait avec le gouvernement du lancement d’une étude sur les implications à long terme pour la santé de cette fumée.

Bruce Thompson, président de la Thoracic Society of Australia and New Zealand, fait partie des spécialistes des maladies respiratoires qui prévoient une augmentation des maladies cardiaques et pulmonaires ainsi que de certains cancers si le changement climatique fait de l’exposition prolongée à la fumée des incendies de forêt un phénomène annuel.

« Nous respirons des choses que les poumons n’aiment pas et qui entraînent des changements importants, en particulier les personnes prédisposées aux maladies respiratoires », a déclaré Bruce Thompson.

Monsieur Thompson, qui souffre de démangeaisons aux yeux et de nez qui coule, dans sa maison de Melbourne, a déclaré que des comparaisons pourraient être établies entre la crise actuelle et un feu dans la mine de charbon d’Hazelwood près de la ville de Morwell dans l’État de Victoria en 2014. L’incendie a brûlé pendant 45 jours, recouvrant Morwell et ses 14 000 habitants d’une épaisse fumée et de poussière de charbon.

Cette exposition a toujours des conséquences néfastes sur la santé de la communauté de Morwell et de la vallée de Latrobe, en particulier chez les jeunes, a déclaré Bruce Thompson.

Brian Oliver, chef de la Respiratory Molecular Pathogenesis à l’Université de technologie de Sydney, a comparé l’exposition prolongée et répétée à une telle fumée à la cigarette.

Brian Oliver a prédit une augmentation des maladies des fumeurs en Australie si la fumée des incendies de forêt devenait plus courante dans l’avenir.

La NASA affirme que les masses sans précédent de fumée provenant de l’Australie ont dérivé vers l’est à travers l’océan Pacifique et sont revenues après avoir fait le tour du globe.

Aux États-Unis, environ 20 000 décès prématurés se produisent désormais chaque année en raison de l’exposition chronique à la fumée des incendies de forêt. Cela devrait doubler d’ici la fin du siècle, selon des scientifiques financés par la NASA, alors que des dizaines de millions de personnes sont exposées à des « vagues de fumée » massives émanant des incendies dans les États de l’Ouest.

Les experts disent qu’une augmentation de graves problèmes de santé en Californie pourrait être presque inévitable pour les résidents vulnérables à mesure que les catastrophes deviennent plus courantes.

La recherche scientifique suggère que les enfants, les personnes âgées et ceux qui ont des problèmes de santé existants sont les plus à risque.

Une exposition à court terme à la fumée des incendies de forêt peut aggraver l’asthme et les maladies pulmonaires, a montré des études. Des augmentations des visites chez le médecin pour les infections respiratoires, la bronchite et la pneumonie, chez des personnes par ailleurs en bonne santé, ont également été constatées pendant et après des incendies de forêt.

Certaines études ont également constaté une augmentation des visites aux urgences pour les crises cardiaques et les accidents vasculaires cérébraux chez les personnes souffrant de maladies cardiaques existantes lors des jours de forte fumée pendant les récents incendies de forêt en Californie, faisant écho à la recherche sur les risques potentiels de la pollution atmosphérique urbaine.

Pour la plupart des personnes en bonne santé, l’exposition à la fumée des incendies de forêt n’est qu’un ennui, provoquant des démangeaisons aux yeux, des gorges éraflées ou une douleur thoracique qui disparaissent toutes lorsque la fumée disparaît.

Michael Abramson, professeur d’épidémiologie et de médecine préventive à l’Université Monash de Melbourne, est coauteur d’un rapport sur l’enquête en cours sur les effets de l’incendie de Hazelwood sur la santé.

Michael Abramson demande une étude nationale des impacts sur la santé des derniers incendies de forêt, affirmant que ses recherches se sont concentrées sur une population beaucoup plus petite de 74 000 personnes dans la vallée de Latrobe.

« Nous voyons maintenant une exposition substantielle s’étendre sur des semaines aux villes qui comptent des millions d’habitants, donc je pense qu’il est très probable qu’il puisse y avoir des effets plus subtils que nous n’avons pas pu détecter », a déclaré le professeur Abramson.