(Nations unies) Le premier ministre indien Narendra Modi a été récompensé mardi à New York par la Fondation Bill et Melinda Gates pour ses efforts pour faire construire des toilettes dans son pays, en dépit d’une pluie de critiques de militants des droits humains.

Le choix de la Fondation, qui finance les efforts pour améliorer la santé publique, avait suscité des éditoriaux rageurs et la colère de trois lauréats du prix Nobel, citant les atteintes aux droits des minorités par le gouvernement Modi.

Les acteurs britanniques d’origine asiatique Jameela Jamil et Riz Ahmed, qui devaient assister à la remise de ce prix, ont eux boudé la cérémonie.

Dans un communiqué, la fondation a assuré respecter ces critiques tout en maintenant son choix, soulignant que les questions sanitaires étaient un problème souvent négligé et que le programme indien pouvait servir de modèle pour d’autres pays.

«Je dédie cette récompense à tous les Indiens qui ont transformé la mission Inde Propre en un mouvement populaire et ont fait de la propreté une haute priorité», a déclaré M. Modi après avoir reçu son prix des mains du fondateur de Microsoft devenu philanthrope, Bill Gates.

Le gouvernement indien dit avoir construit plus de 100 millions de toilettes dans le cadre d’un plan de 20 milliards de dollars, lancé en 2014, pour remédier au problème de défécation en plein air, qui touche surtout les zones rurales. Ce plan accorde quelque 200 dollars à tout foyer tribal qui installe des toilettes.

Avant la cérémonie, les prix Nobel Mairead Maguire, Tawakkol Abdel-Salam Karman et Shirin Ebadi avaient dénoncé le gouvernement nationaliste indien, qui a selon eux entraîné l’Inde «dans un chaos dangereux et mortel, qui sape systématiquement les droits humains et la démocratie».

«Ceci est particulièrement troublant, vu la mission officielle de votre fondation, de préserver la vie et de lutter contre les inégalités», avaient-ils écrit.

Ils ont notamment cité l’augmentation des lynchages de musulmans, chrétiens et dalits, et les mises en garde de l’ONG Genocide Watch pour les États d’Assam et du Cachemire indien, dont l’Inde a révoqué l’autonomie constitutionnelle début août.

La décision a également été dénoncée dans une pétition en ligne signée par quelque 100 000 personnes, et dans un éditorial co-signé par la célèbre féministe Gloria Steinem dans le quotidien The Guardian.

Narendra Modi, qui a remporté un second mandat haut la main en mai et est très populaire au sein de la diaspora indienne aux États-Unis, n’a pas réagi aux critiques lors de la remise de prix.