(Sydney) L’Australie a réclamé jeudi « une clarification urgente » sur le sort d’un étudiant australien qui pourrait être détenu en Corée du Nord.

Le ministère australien des Affaires étrangères a indiqué être en contact avec la famille de cet Australien. « Le ministère souhaite une clarification urgente », selon un communiqué, « en raison de notre obligation de respect de la vie privée, nous ne ferons pas d’autres commentaires ».

Dans un communiqué, la famille d’Alek Sigley, âgé de 29 ans, précise qu’il n’y a encore aucune confirmation de son arrestation.

Sigley, qui parle couramment coréen et étudie à Pyongyang, pourrait avoir été arrêté ces trois derniers jours.  

« Alek n’a pas été en contact numérique avec ses amis et sa famille depuis mardi matin à l’heure australienne, ce qui est inhabituel de sa part », selon le communiqué de la famille.

Originaire de Perth (ouest de l’Australie), Sigley étudie la littérature coréenne à l’université Kim Il-sung, l’établissement d’enseignement le plus réputé de Corée du Nord. Il dirige par ailleurs une société spécialisée dans les voyages en Corée du Nord et a épousé une Japonaise l’an dernier à Pyongyang.

Il a écrit des articles et billets de blogues sur la vie quotidienne à Pyongyang, notamment pour NK News, un site web américain basé à Séoul qui fournit des informations et des analyses sur la Corée du Nord. Il évoquait les restaurants ou les applications téléphoniques nord-coréennes, mais évitait toute question politique sensible.

Rencontre Morrison-Trump

Son ami Crispin Rovere l’a décrit comme « le gars le plus gentil de la terre », qui s’est toujours « uniquement intéressé à partager la culture de la Corée du Nord avec le reste du monde et à améliorer les relations entre les peuples ».

L’annonce de sa disparition est intervenue quelques heures avant une rencontre prévue du premier ministre australien Scott Morrison avec le président américain Donald Trump en marge du sommet du G20 à Osaka (Japon).

M. Trump doit se rendre après Osaka en Corée du Sud alors que des rumeurs évoquent une reprise des négociations avec Pyongyang. Il  s’était impliqué dans le cas d’Otto Warmbier, un étudiant américain décédé en 2017 à 22 ans après avoir été détenu en Corée du Nord et rapatrié dans le coma.

La cause exacte de la mort d’Otto Warmbier peu après son rapatriement reste inconnue, mais selon la justice américaine l’étudiant a été torturé pendant sa détention, ce que dément Pyongyang en affirmant qu’il avait contracté le botulisme en prison.

L’Australie n’a pas de mission diplomatique à Pyongyang où elle est représentée par l’ambassade de Suède.

Canberra déconseille à ses citoyens les voyages non essentiels en Corée du Nord, où plusieurs étrangers ont déjà été détenus.

En janvier, Sigley décrivait dans un billet son grand intérêt pour l’Asie et le socialisme et relatait son premier voyage en Corée du Nord en 2012.

De père anglo-australien et de mère chinoise, Sigley a étudié à l’université Fudan à Shanghaï et en Corée du Sud avant de se rendre à Pyongyang, selon son récit.

« J’ai entrepris un master de littérature coréenne. Comme je suis le seul étudiant étranger dans ce programme, mes cours sont en tête à tête avec le professeur », a-t-il expliqué.

À l’université Kim Il-sung, la plupart des étudiants étrangers sont des Chinois, pour lesquels l’enseignement est nettement moins coûteux que dans leur pays.

Les étrangers ont des cours et des dortoirs séparés de ceux des étudiants nord-coréens et paient leur scolarité environ 3000 dollars par an.

Dans un article écrit pour le quotidien britannique The Guardian et publié en mars, Sigley se félicitait d’avoir une liberté de mouvement exceptionnelle pour un résident étranger à Pyongyang.

« Je suis libre de circuler dans la ville, sans que personne ne m’accompagne. Les échanges avec les habitants peuvent parfois être limités, mais je peux faire des courses et dîner presque partout où je le désire », déclarait-il.