(Bruxelles) Le premier ministre néerlandais Mark Rutte a accusé jeudi son homologue malaisien d’avoir « semé la confusion » en critiquant les poursuites judiciaires contre quatre personnes, dont trois Russes pour l’écrasement du vol MH17 de Malaysia Airlines en 2014, abattu par un missile au-dessus de l’Ukraine.

« J’imagine que les proches des victimes doivent être très déçus et que la critique a semé beaucoup de confusion », a déclaré M. Rutte devant les journalistes avant un sommet européen à Bruxelles.

« C’est également ce que je ressens », a-t-il ajouté.

Le premier ministre malaisien a qualifié plus tôt jeudi de « ridicule », la considérant dirigée contre Moscou, la décision de juger trois Russes et un Ukrainien pour l’écrasement.

L’équipe internationale d’enquêteurs (Joint Investigation Team, JIT),  conduite par les Pays-Bas, a annoncé mercredi l’ouverture d’un procès en mars 2020 contre les quatre suspects, de hauts gradés des séparatistes prorusses, poursuivis pour meurtre.

Le Boeing de la Malaysia Airlines, parti d’Amsterdam pour Kuala Lumpur, avait été abattu au-dessus de l’Est séparatiste prorusse de l’Ukraine le 17 juillet 2014. Les 283 passagers,  dont 196 Néerlandais, et les 15 membres de l’équipage à son bord ont alors péri.

L’équipe internationale d’enquêteurs avait annoncé en mai 2018 que le missile provenait de la 53e brigade antiaérienne russe basée à Koursk (ouest de la Russie).

Les Pays-Bas et l’Australie, dont 38 ressortissants figuraient parmi les victimes, avaient alors accusé la Russie, qui a toujours nié avec véhémence et rejeté la faute sur Kiev.

« Nous sommes très mécontents car depuis le départ c’est devenu une affaire très politique pour savoir comment accuser la Russie », a déclaré jeudi à la presse le premier ministre malaisien Mahathir Mohamad.

« C’est ridicule », a-t-il ajouté. « En ce qui nous concerne, nous voulons des preuves de culpabilité. Jusqu’à présent, il n’y a aucune preuve. Simplement des ouï-dire ».

M. Rutte a indiqué que son ministre des Affaires étrangères allait contacter le gouvernement malaisien au sujet des déclarations de Mahathir Mohamad.

La Malaisie fait partie de la JIT, aux côtés des Pays-Bas, l’Australie, la Belgique et l’Ukraine.

Le ministère malaisien des Affaires étrangères a déclaré jeudi dans un communiqué qu’il « appréciait » l’annonce faite par les enquêteurs et que la Malaisie « demeurait engagée » dans le travail du JIT.

Les États-Unis ont exhorté la Russie à faire en sorte que « justice » soit rendue. Le président russe Vladimir Poutine a riposté jeudi en affirmant qu’il n’y avait « aucune preuve » de l’implication de Moscou dans l’écrasement du vol MH17.