(Port Moresby) La Papouasie-Nouvelle-Guinée a déployé des forces paramilitaires sur l’île de Manus où la tension monte parmi les centaines de réfugiés qui y sont relégués après avoir tenté de rejoindre l’Australie, avec des tentatives de suicide «quotidiennes».

«Le déploiement récent d’une unité mobile sur l’île de Manus s’inscrit dans les efforts pour contribuer à réduire les tentatives de suicide au centre de réfugiés de Lorengau Est», a expliqué David Yapu, commandant de la police provinciale de Manus. Le déploiement de cette unité est prévu pour trois mois.

Le déploiement de plus d’une dizaine de policiers lourdement armés de cette force, connue pour sa brutalité et accusée par le passé de viols et de meurtres, est un signe de la tension croissante sur l’île.

Il suscite également l’inquiétude des groupes de défense des droits de l’homme qui s’insurgent contre la politique de l’Australie et ont dénoncé par le passé l’utilisation des unités mobiles pour mater des révoltes de réfugiés.

L’Australie mène depuis 2013 une politique très dure, critiquée par l’ONU, envers les migrants et réfugiés. Elle n’accepte aucun boat people sur son sol, même ceux qui remplissent les critères du droit d’asile.

Les réfugiés qui ne sont pas directement refoulés en mer sont envoyés dans des camps sur des îles du Pacifique, Manus ainsi que Nauru, avec interdiction de s’installer en Australie.

Quelque 800 réfugiés au total vivent depuis plusieurs années dans des conditions très dures sur ces îles, dont environ 600 dans des «centres de transition» sur Manus après la fermeture en 2017 du camp qui y était géré par l’Australie, selon des estimations officielles.

Beaucoup espéraient voir leur situation évoluer après les élections législatives australiennes du 18 mai et ont accueilli avec consternation la victoire surprise de la coalition conservatrice du premier ministre sortant Scott Morrison.

Au moins 31 hommes ont tenté de se suicider depuis les élections du 18 mai, a tweeté jeudi le réfugié soudanais Abdul Aziz Adam, de retour à Manus après avoir été autorisé à se rendre à Genève pour recevoir le prix Martin Ennals, du nom d’un ancien secrétaire général d’Amnistie Internationale. Il est relégué à Manus depuis 2013 après avoir fui le conflit du Darfour.

Selon David Yapu, plus d’une dizaine de tentatives sérieuses avec l’utilisation d’«armes, de médicaments ou par pendaison», ont été enregistrées parmi les réfugiés avec en outre des tentatives quotidiennes qu’il a qualifiées de mineures.