(Rangoun) Avions de combat, véhicules blindés, missiles sol-air : la Birmanie dépense des dizaines de millions de dollars en matériel militaire auprès de ses alliés pour pallier l’embargo américain et européen sur les armes.

L’armée birmane est pourtant accusée d’avoir perpétré un « génocide » à l’encontre des musulmans rohingya par les enquêteurs de l’ONU qui ont demandé à la communauté internationale de couper tout lien financier avec les militaires.  

Mercredi, Amnistie international a dénoncé de nouveaux « crimes de guerre » et des « tortures », cette fois contre une faction armée rebelle qui lutte pour obtenir plus d’autonomie en faveur de l’ethnie bouddhiste rakhine.

Voici les principaux pays auprès desquels l’armée birmane se fournit en armes.

La Chine

Pékin est le premier fournisseur de Rangoun.

De 2013 à 2017, 68 % des importations d’armes du pays sont venues de Chine, selon l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (SIPRI).

Le géant asiatique équipe notamment le pays en véhicules blindés, radars et drones et lui a livré la technologie des missiles sol-air, précise à l’AFP Siemon Wezeman, chercheur au SIPRI pour la région Asie-Pacifique.

Et Rangoun a commandé des avions de combat JF-17 « Thunder » d’une valeur à l’unité de 25 millions de dollars (22 millions d’euros), développés par la Chine et le Pakistan.  

La Chine, qui a des intérêts stratégiques importants en Birmanie dans le cadre de son gigantesque et controversé programme des « nouvelles routes de la soie », fournit également une aide militaire conséquente à l’armée birmane.  

C’est pourquoi « le prix de ventes de ses armes est généralement avantageux » pour Rangoun, souligne Yun Sun, expert en relations sino-birmanes au centre américain de Stimson.

La Russie

En 2016, les deux pays ont signé un accord de coopération en matière de défense.

Puis, Rangoun a signé en 2018 un contrat estimé à quelque 200 millions de dollars (180 millions d’euros) avec le ministère russe de la Défense. Il porte sur la livraison de six avions de combat Su-30 dont l’assemblage a débuté au printemps, d’après des médias russes.

Le Su-30 devrait devenir « le principal avion de combat des forces aériennes birmanes », d’après les autorités russes.

Depuis, les relations restent au beau fixe. Le chef de l’Armée birmane, Min Aung Hlaing, s’est rendu en Russie en avril et a notamment visité une usine d’hélicoptères.

L’Inde

En septembre 2017, alors que la répression contre les Rohingya s’intensifiait, le premier ministre indien Narenda Modi a rencontré Aung San Suu Kyi, chef de facto du gouvernement birman.

Objectif de New Delhi : intensifier ses relations avec Rangoun sur le plan militaire pour tenter de contrebalancer le poids de la Chine en Birmanie.

« Les Indiens cherchent surtout à participer à la modernisation de la marine de Tatmadaw (l’armée birmane, NDLR) qui progresse à un rythme assez remarquable », souligne Anthony Davis, analyste spécialisé dans la sécurité.

Min Aung Hlaing a effectué plusieurs voyages en Inde ces dernières années.  

Israël

L’État hébreu entretient de longue date des relations étroites avec la Birmanie, l’un de ses premiers alliés en Asie.

En avril 2017, la marine birmane a publié sur Facebook des images de patrouilleurs Super Dvora Mk 3 de fabrication israélienne. « Il avance à 45 nœuds sur les eaux de Birmanie. Bienvenue dans la marine birmane !  !  ! », était-il écrit.

Mais ces ventes avaient suscité la polémique et Israël assure avoir arrêté d’acheminer du matériel militaire en Birmanie.  

« Il n’y a aucun changement dans la décision d’Israël de ne pas vendre d’armes à la Birmanie », a indiqué à l’AFP l’ambassade d’Israël à Rangoun.