(Islamabad) Au moins un homme a été tué samedi dans l’attaque par des hommes armés d’un hôtel de luxe à Gwadar, ville du sud-ouest du Pakistan où la Chine a construit un port en eaux profondes dans le cadre d’un vaste projet d’investissement bilatéral, a annoncé l’armée pakistanaise.

L’attaque a été revendiquée par un groupe séparatiste, l’Armée de libération du Baloutchistan (ALB), la province la plus instable et la plus pauvre du pays.

« Trois terroristes ont tenté de forcer l’entrée du PC [Pearl continental, NDLR] de Gwadar. Un garde a résisté. Les terroristes ont ouvert le feu sur ce garde, qui est mort », a indiqué la cellule communication de l’armée dans un communiqué.

« Les forces de sécurité ont bouclé la zone. Les clients ont été évacués en toute sécurité et les terroristes encerclés dans l’escalier menant au dernier étage », a déclaré un porte-parole de l’armée à l’AFP.  

Plus tôt, le ministre de l’Intérieur de la province du Baloutchistan, où se trouve Gwadar, Ziaullah Langu, avait dit à l’AFP que « jusqu’à quatre hommes armés [étaient] entrés dans l’hôtel Pearl continental et [avaient] ouvert le feu ».

« On nous a signalé que quelques personnes avaient été légèrement blessées », avait-il précisé au téléphone.

Des ambulances et du personnel de secours attendaient sur une route menant à l’hôtel, a raconté Mohammad Aslam, un policier de Gwadar, qui a dit entendre des coups de feu de son bureau, tandis que l’opération des forces de l’ordre touchait selon lui à sa fin.

« Il n’y avait pas de clients chinois ou pakistanais dans l’hôtel », mais seulement du personnel, dont trois membres ont été blessés, a-t-il souligné.

Symbole

L’Armée de libération du Baloutchistan (ALB), a revendiqué sur Twitter cette attaque contre ce site symbolique : il s’agit de l’unique hôtel de luxe de Gwadar qui, en outre, surplombe le port en eaux profondes creusé par la Chine, vaisseau amiral du Corridor économique Chine-Pakistan (CPEC), dans lequel la Chine a investi des dizaines de milliards d’euros.

PHOTO AAMIR QURESHI, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Des membres des forces antiterroristes pakistanaises patrouillent dans le port de Gwadar, en mai 2016.

Ce projet vise à relier la province occidentale chinoise du Xinjiang au port de Gwadar. De nombreuses infrastructures — autoroutes, centrales électriques, hôpitaux, etc. — doivent être construites dans ce cadre. Le CPEC donnera aux produits chinois un accès direct à la mer d’Arabie.

Pour le Pakistan, ce projet représente un défi énorme, notamment sécuritaire, des groupes armés sévissant dans plusieurs provinces qu’il traverse, tout particulièrement le Baloutchistan.

Frontalier de l’Afghanistan et l’Iran, le Baloutchistan est la plus pauvre des quatre provinces du Pakistan, malgré des gisements d’hydrocarbures et de minéraux.

C’est aussi la plus instable : une insurrection séparatiste et des violences islamistes y ont fait des centaines de morts ces dernières années.

Il y a trois semaines, un groupe de séparatistes baloutches avait abattu 14 passagers de différents autocars au Baloutchistan. Fin novembre, quatre personnes avaient été tuées dans l’attaque du consulat de Chine à Karachi par des hommes armés. Cet assaut avait également été revendiqué par l’ALB.

En dépit de ces attaques, la sécurité s’est très nettement améliorée au Pakistan, où les attentats constituaient la routine entre 2001 et 2015.

D’après le CRSS, un groupe de réflexion pakistanais, 1131 personnes ont été tuées dans des violences extrémistes, politiques ou criminelles en 2018, soit une chute de plus de 80 % par rapport à 2015.

Mercredi, un attentat-suicide revendiqué par les talibans pakistanais a tué au moins 12 personnes à Lahore (est). L’attaque était survenue dans une zone fréquentée de la deuxième ville du pays, près de l’entrée réservée aux femmes d’un mausolée soufi du XIe siècle, un des plus grands d’Asie du Sud.