(Rahim Yar Khan) Au moins 74 personnes, dont de nombreux pèlerins, ont péri jeudi au Pakistan dans un incendie à bord d’un train de voyageurs déclenché par l’explosion accidentelle de bonbonnes de gaz de cuisine.  

Le train, qui était en marche lorsque le feu s’est déclaré, s’est immobilisé dans une zone rurale du district de Rahim Yar Khan, dans la province du Pendjab, au centre du pays.  

Les flammes ont été éteintes dans la matinée tandis que les secouristes et les pompiers s’activaient dans les voitures carbonisées encore fumantes, selon des journalistes de l’AFP sur place.

Certaines des victimes ont péri ou se sont blessées à la tête en sautant du train en feu alors qu’il était encore en mouvement, a déclaré à l’AFP Muhammad Nadeem Zia, directeur de l’hôpital de Liaquatpur, la ville la plus proche.  

« Une bonbonne a explosé et je ne sais pas comment le feu s’est propagé partout. J’ai sauté du train pour sauver ma vie, il y avait tout un groupe de gens derrière moi qui poussaient », a témoigné Muhammad Imran, un blessé rencontré par l’AFP à l’hôpital de Rahim Yar Khan.

Le dernier bilan est d’« au moins 74 morts », a déclaré le ministre des chemins de fer Sheikh Rasheed Ahmed à la presse dans l’après-midi.

« La majorité des gens dans les voitures qui ont pris feu venaient (des villes de) Mirpur Khas, Hyderabad, Nawab Shah et Karachi », dans le sud du pays, a-t-il précisé.

Adnan Shabir, porte-parole des services de secours locaux, a pour sa part avancé un bilan de 73 morts et plus de 40 blessés, qui ont été évacués vers les hôpitaux de Rahim Yar Khan et Bahawalpur à proximité.

Trois voitures, deux de classe économique et une de classe affaires, ont pris feu suite à l’explosion de deux bonbonnes de gaz utilisées par des passagers pour faire la cuisine, a expliqué à l’AFP Ali Nawaz, un haut responsable des chemins de fer pakistanais, précisant que le transport de matériaux inflammables est interdit à bord des trains.  

La plupart des victimes sont des pèlerins du sud du pays qui se rendaient à un grand rassemblement religieux annuel à Raiwind, près de Lahore, dans l’est du pays, selon lui. Chaque voiture peut accueillir environ 88 personnes, a-t-il précisé.  

Le festival qu’ils comptaient rejoindre est le Tablighi Ijtema, l’un des plus importants au Pakistan, qui commence jeudi. Jusqu’à 500 000 participants venus de tout le pays y sont attendus cette année pour trois journées de prières et de conférences, a indiqué à l’AFP l’un des organisateurs.  

Des prières spéciales seront prononcées en hommage aux victimes de l’incendie du train, selon un autre responsable au principal centre religieux de Raiwind.

Enquête immédiate

« Je reconnais notre erreur de ne pas avoir empêché les pèlerins d’apporter des réchauds et des bonbonnes », a déclaré le ministre Sheikh Rasheed Ahmed.

« La tradition veut que les gens se rendant à Raiwind pour le rassemblement ne soient pas empêchés d’amener des réchauds et bonbonnes à bord (des trains). Mais cela ne se reproduira pas à l’avenir », a-t-il ajouté.

« La tragédie aurait pu être évitée », avait auparavant écrit la ministre pakistanaise des Droits humains Shireen Mazari sur Twitter, déplorant que les bagages des passagers soient rarement contrôlés à bord des trains. « Prières et condoléances aux familles des victimes ».

Le premier ministre Imran Kahn s’est dit « profondément attristé par la terrible tragédie » et a annoncé l’ouverture d’une « enquête immédiate, à compléter d’urgence ».

Les accidents ferroviaires sont fréquents au Pakistan, pays qui a hérité de son passé colonial sous domination britannique un vaste réseau de chemins de fer. Mal entretenu, il est aujourd’hui décrépi après des décennies de déclin dû à la corruption, à une gestion inadéquate et au manque d’investissements.

Une collision entre deux trains dans la même zone avait fait 23 morts en juillet. Imran Khan avait alors appelé à la prise de « mesures d’urgence pour contrer des décennies de négligence de l’infrastructure ferroviaire ».