(Washington) Le vice-président américain Mike Pence a dénoncé jeudi avec virulence l’attitude à ses yeux trop conciliante de la NBA et de Nike vis-à-vis de la Chine, insistant sur le soutien des États-Unis aux manifestants de Hong Kong.

L’ex-colonie britannique rendue à la Chine en 1997 et désormais territoire autonome, est secouée depuis juin par des manifestations de plus en plus violentes, qui exigent notamment davantage de libertés civiles et d’autonomie.

« Nous sommes à vos côtés », a martelé M. Pence lors d’un discours à Washington, exhortant les manifestants à rester « sur la voie de la protestation non-violente ».

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Mike Pence

Reprenant les mises en garde de Donald Trump, il a assuré que tout recours à la violence de la part Pékin compromettrait la conclusion d’un accord commercial entre Washington et Pékin.

Depuis plusieurs semaines, une crise oppose la Chine et la ligue nord-américaine de basket-ball (NBA), en raison d’un tweet de Daryl Morey, le directeur général des Houston Rockets, en soutien aux manifestants de Hong Kong.

« Certains des plus grands joueurs et propriétaires (de franchises) de la NBA, qui exercent quotidiennement leur droit de critiquer ce pays (les États-Unis), perdent leurs voix lorsqu’il s’agit des libertés et des droits d’autres peuples », a déclaré M. Pence lors d’un discours à Washington.

« En se mettant du côté du parti communiste chinois et en faisant taire la liberté d’expression, la NBA se comporte comme une filiale à 100 % d’un régime autoritaire »,  a-t-il ajouté, optant pour un ton particulièrement offensif.

Invité sur le plateau de la chaîne TNT, le patron de la Ligue nord-américaine de basket Adam Silver n’a pas répondu aux attaques de M. Pence, au contraire de l’ancienne vedette de la balle orange Charles Barkley, dont la voix de consultant porte énormément.

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Des manifestants opposés au régime chinois ont dénoncé les propos de LeBron James mardi devant le Staples Center de Los Angeles, où avait lieu un match entre les Lakers et les Clippers.

« Le vice-président Pence devrait juste la fermer », a d’abord déclaré Charles Barkley.

« Toutes les entreprises américaines font des affaires en Chine. Je pense que ces critiques contre M. Silver et LeBron James sont injustes. S’ils veulent s’inquiéter de la situation en Chine, pourquoi tous ces politiciens qui font les choses mieux que les autres ne stoppent pas toutes les affaires avec la Chine ? », a-t-il ajouté.

Mi-octobre, LeBron James, vedette des Los Angeles Lakers, avait suscité de vives réactions en affirmant que le directeur général de la franchise texane, Daryl Morey, « n’en savait pas assez » et « était mal informé » lorsqu’il avait publié un message de soutien aux manifestants hongkongais début octobre.

Le joueur a un contrat à vie avec l’équipementier Nike, pour lequel il effectue souvent des voyages promotionnels en Chine, où il est extrêmement populaire.

« Conscience sociale à la porte »

Le vice-président américain s’en est aussi pris avec virulence à l’équipementier, « qui se présente comme un “champion de la justice sociale” », mais qui, quand il s’agit de Hong Kong, « préfère laisser sa conscience sociale à la porte ».

Si ces piques étaient centrées sur la situation à Hong Kong, les tensions entre la Maison-Blanche et la marque à la virgule ne sont pas nouvelles.

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Une affiche géante de Nike installée à New York.

LeBron James est un farouche détracteur de Donald Trump qu’il accuse de chercher à « diviser » l’Amérique en alimentant les tensions raciales.

En septembre 2018, Nike avait fait grand bruit en choisissant pour une campagne publicitaire majeure le footballeur américain Colin Kaepernick.  

Ce dernier était devenu en 2016 la figure de proue d’un mouvement de protestation contre les violences policières, en posant un genou à terre lors de l’hymne américain. Cette campagne lui avait valu d’être attaqué avec une extrême virulence par Donald Trump.

Après le tweet polémique de Daryl Morey, des entreprises chinoises ont suspendu leur parrainage, ainsi que les négociations des droits de diffusion avec la NBA, alors que plusieurs équipes étaient en pleine tournée asiatique.

Au début de la crise, la NBA avait indiqué dans un communiqué être « profondément déçue par les remarques déplacées » du dirigeant de la franchise texane.  Mais l’institution, fustigée par des élus américains pour ces propos semblant donner raison à Pékin, avait ensuite déclaré qu’elle ne s’excuserait pas et continuerait à soutenir « la liberté d’expression ».

La télévision publique chinoise CCTV n’a pas diffusé mercredi (mardi soir en Amérique) les matchs d’ouverture de la nouvelle saison de basket aux États-Unis. Il s’agit d’un événement inhabituel en Chine, qui compte de nombreux fans de la NBA, notamment depuis la présence de la vedette Yao Ming dans le championnat pendant les années 2000.