(Séoul) Le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un a supervisé le test d’un « lance-missiles multiple », suscitant dimanche des critiques modérées du président américain Donald Trump et l’inquiétude du premier ministre japonais Shinzo Abe.  

L’agence de presse officielle nord-coréenne KCNA a décrit dimanche l’engin comme un « lance-missiles multiple de grande dimension », « nouvellement développé » et qualifié de « grande arme » par M. Kim.

L’état-major interarmes de la Corée du Sud avait décrit samedi cet essai nord-coréen comme étant le tir de deux missiles balistiques à courte portée.

En France, où il assistait au sommet du G7, Donald Trump a semblé minimiser dimanche l’importance de ce test.

« Je ne suis pas content, mais encore une fois, il [le leader nord-coréen] ne viole pas l’accord », a dit M. Trump à des journalistes, faisant référence à un texte qui interdit le lancement de missiles de longue portée.

« J’ai discuté de balistique de longue portée, et cela, il ne peut pas le faire et ne le fait pas. Il fait [des essais] de courte portée, des missiles plus standard, beaucoup de gens testent ces missiles, pas seulement lui », selon le président américain.

À ses côtés au sommet du G7, le premier ministre japonais Shinzo Abe a estimé pour sa part que ce test violait les résolutions de l’ONU et était « extrêmement regrettable ».  

« Le lancement de missiles balistiques à courte portée par la Corée du Nord constitue une violation flagrante des résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies », a estimé M. Abe.

M. Trump, qui met régulièrement en avant ses bonnes relations avec Kim Jong-un, n’a pas ménagé ses efforts, jusqu’ici infructueux, pour le persuader d’abandonner son arsenal d’armes nucléaires.

« Forces hostiles » 

Des photos publiées par le quotidien officiel Rodong Sinmun montrent un Kim Jong-un arborant un large sourire, debout devant un grand lanceur motorisé, puis le départ de missiles tirés depuis les longs tubes de l’engin.

Le dirigeant nord-coréen, selon l’agence officielle, a déclaré que son pays devait continuer à renforcer le développement d’armements « pour contrer résolument les menaces militaires et les pressions croissantes des forces hostiles ».

Le test de samedi était le dernier en date d’une série d’essais de missiles à courte portée effectués en août par la Corée du Nord pour exprimer son mécontentement devant des manœuvres militaires conjointes menées par les forces sud-coréennes et américaines. Ces manœuvres ont pris fin il y a un peu moins d’une semaine.

À Séoul, l’essai de samedi a amené la présidence sud-coréenne à convoquer une réunion du Conseil national de sécurité, le NSC.

« Les membres du NSC ont décidé de poursuivre les efforts diplomatiques auprès de la communauté internationale pour ramener la Corée du Nord à la table de négociations avec les États-Unis et parvenir à l’objectif d’une dénucléarisation complète dans la péninsule coréenne », a déclaré le gouvernement sud-coréen dans un communiqué.

Impasse

Les pourparlers bilatéraux entre Washington et Pyongyang sont dans l’impasse depuis l’échec du second sommet entre le président américain Donald Trump et Kim Jong-un, à Hanoï en février.

L’essai de samedi semble être « le quatrième nouveau système de missiles que la Corée du Nord a inauguré depuis l’échec de Hanoï », a tweeté Vipin Narang, professeur associé au Massachusetts Institute of Technology (MIT). Selon lui, M. Kim mène « une campagne de pression maximale ».

Après Hanoï, MM. Kim et Trump s’étaient de nouveau rencontrés en juin à la frontière dans la Zone démilitarisée (DMZ), qui sépare les deux États depuis la fin de la guerre de Corée (1950-53).

La rencontre avait débouché sur la décision de relancer les discussions sur le programme nucléaire de Pyongyang, un peu plus d’un an après le premier sommet Trump-Kim à Singapour. Cependant ces discussions n’ont pas repris depuis.

En visite cette semaine à Séoul, l’envoyé spécial des États-Unis pour la Corée du Nord, Stephen Biegun, a déclaré que les États-Unis étaient « prêts à entamer des discussions » dès qu’ils auraient « des nouvelles » de Pyongyang.

Mais la possibilité d’une reprise prochaine de ces pourparlers semble faible, si l’on en juge par des déclarations récentes de Pyongyang.

Le ministre des Affaires étrangères Ri Yong Ho a averti vendredi que la Corée du Nord resterait « pour longtemps la plus grande menace pour les États-Unis ».

Et le ministre a lancé une attaque frontale contre le secrétaire d’État américain Mike Pompeo, le traitant de « toxine irréductible » et se déclarant « sceptique » sur la possibilité de négocier avec lui.