(Séoul) La Corée du Nord a prévenu mardi que des exercices militaires imminents entre Washington et Séoul pourraient avoir des répercussions sur la reprise annoncée de ses pourparlers avec les États-Unis, laissant entendre qu’elle pourrait revoir son moratoire sur ses essais balistiques et nucléaires.

Il s’agit de la première déclaration nord-coréenne sur les manœuvres militaires depuis que Donald Trump et Kim Jong-un sont convenus le mois dernier, lors d’une rencontre impromptue dans la Zone démilitarisée qui divise la péninsule, de reprendre les discussions nucléaires après des mois de blocage.

Les États-Unis et la Corée du Sud organisent des exercices militaires conjoints depuis des années mais l’échelle en a été réduite pour faciliter le dialogue avec le Nord à la suite du premier sommet historique entre le président américain et le dirigeant nord-coréen à Singapour en juin 2018.

« Si l’exercice militaire se déroule vraiment, les discussions de travail entre la Corée du Nord et les États-Unis seraient affectées », a déclaré un porte-parole du ministère nord-coréen des Affaires étrangères cité par l’agence KCNA.

Le département d’État américain a répondu par l’optimisme à cette mise en garde de Pyongyang.

« Nous aimerions que personne n’essaie de bloquer, au sein de leur gouvernement ou du nôtre, la capacité du président Trump et du président Kim à faire des progrès », a dit la porte-parole de la diplomatie américaine Morgan Ortagus. « Nous attendons bien entendu avec impatience la reprise de ces négociations », a-t-elle ajouté.

Ces manœuvres prévues au mois d’août constitueraient une « violation claire » de la déclaration commune signée à Singapour par les deux dirigeants, a estimé le responsable nord-coréen, évoquant une possible reprise des essais d’armements.

La pause observée par Pyongyang dans ses tirs de missiles balistiques de longue portée et ses essais nucléaires constitue un engagement à améliorer les relations bilatérales, « pas un document officiel écrit », a-t-il prévenu.

« Avec le reniement unilatéral de leurs engagements par les États-Unis, nous perdons petit à petit nos justifications pour respecter les engagements que nous avons pris nous aussi avec les États-Unis ».

Le troisième sommet entre les deux dirigeants s’est tenu dans un contexte de blocage des négociations nucléaires entre Pyongyang et Washington, un processus houleux depuis qu’il a été enclenché début 2018 grâce à l’entremise de Séoul.

Pour ce troisième tête-à-tête, Donald Trump est passé en territoire nord-coréen dans le village frontalier de Panmunjom, où fut signée la trêve de la guerre (1950-53), devenant le premier président américain à fouler le sol nord-coréen.

Manœuvres « très provocatrices »

Près de 30 000 soldats américains sont déployés en Corée du Sud et les exercices annuels qu’ils mènent avec des dizaines de milliers de soldats sud-coréens n’ont jamais manqué de courroucer Pyongyang. Le Nord les considère comme la répétition générale de l’invasion de son territoire.  

Mais à Singapour, Donald Trump avait annoncé la suspension des manœuvres qualifiées de « très provocatrices ».

Washington exige officiellement une « dénucléarisation totale, définitive et vérifiée de la Corée du Nord » comme condition d’un allègement des sanctions qui pèsent sur Pyongyang en raison de ses programmes nucléaire et balistique interdits.

A Singapour, les deux leaders avaient adopté un texte flou sur la « dénucléarisation complète de la péninsule coréenne » et avaient convenu de nouer des relations bilatérales d’un genre « nouveau ».

Mais les deux parties ont échoué à s’accorder sur un allègement des sanctions et les concessions que pourrait faire le Nord en retour, provoquant l’échec du deuxième sommet entre États-Unis et Corée du Nord en février à Hanoï.

Pyongyang a mis en œuvre « des mesures humanitaires sans conditions », a encore souligné mardi le porte-parole nord-coréen, en référence à la restitution des restes de soldats américains tués pendant la guerre de Corée.

En mai, la Corée du Nord a fait monter d’un cran la tension avec des tirs de missiles à courte portée pour la première fois depuis novembre 2017.