(Genève) Un discours prononcé lundi devant le Conseil des droits de l’Homme à l’ONU par une chanteuse contestataire de Hong Kong, venue à Genève demander un soutien international, a été interrompu par le représentant chinois.

Denise Ho, une chanteuse pop-rock de 42 ans, qui a participé ces derniers jours aux manifestations dans le territoire, est une figure du mouvement prodémocratie de l’automne 2014, la «révolte des parapluies».

Le projet de loi d’extradition vers la Chine, dont les manifestants réclament l’abandon total, «supprimerait le pare feu protégeant Hong Kong de l’ingérence du gouvernement chinois», a-t-elle mis en garde dans un discours, avant d’être interrompue par le représentant chinois qui a demandé un «point d’ordre».

Cette procédure régulière est assez rare lorsque des représentants d’ONG parlent à l’ONU.

M. Dai Demao, premier secrétaire à la mission chinoise auprès de l’ONU, a ainsi pu prendre la parole et affirmer que mentionner «Hong Kong aux côtés de la Chine» est un «affront (au principe) d’une seule Chine et aux principes de la Charte des Nations unies».

Quelques secondes plus tard, il a de nouveau interrompu la chanteuse pour dénoncer ses «allégations non fondées sur le système “Un pays, deux systèmes”».

«Les Nations unies convoqueront-elles une session d’urgence pour protéger le peuple de Hong Kong? Étant donné les abus, l’ONU retirera-t-elle la Chine de ce Conseil des droits de l’Homme?», a conclu la chanteuse.

S’exprimant quelques heures plus tôt lors d’un entretien accordé à l’AFP, Mme Ho a appelé les États-Unis à soutenir les protestataires hongkongais, en matière de «droits humains» et de «démocratie».

«Ils peuvent en parler et ils ont le pouvoir de faire pression sur la Chine», a estimé la chanteuse, qui a émigré jeune au Canada avant de lancer sa carrière artistique à Hong Kong en 1997, année de la rétrocession du territoire britannique à la Chine.

La déclaration sino-britannique de 1984 prévoyait qu’Hong Kong soit alors gouverné selon un statut spécial pendant cinquante ans avec le principe «un pays, deux systèmes».

Pour Denise Ho, dont les disques ne sont plus vendus en Chine continentale depuis 2014, Pékin «s’immisce dans les affaires de Hong Kong depuis de nombreuses années» et «nous pouvons demander aux Nations unies de convoquer une séance d’urgence sur Hong Kong pour examiner le fait que la Chine, le gouvernement communiste, ne respecte pas ce traité international contraignant».

Selon la chanteuse, quelque 70 personnes ont été détenues depuis le début en juin de la contestation actuelle, certaines ayant été relâchées. La crise a été déclenchée par un projet de loi autorisant les extraditions en Chine continentale dont la suspension n’a pas suffi à faire cesser les manifestations.

Malgré des demandes répétées, la police n’a pas publié le nombre de personnes arrêtées depuis un mois.

Denise Ho s’inquiète aussi d’une «vague de suicides» de jeunes angoissés par la perspective d’un avenir sous le joug de Pékin et qui «ont laissé des messages qui pointent directement le gouvernement de Hong Kong».

Depuis 2014, la chanteuse n’est pas retournée en Chine par peur d’être détenue.