(Tokyo) Le président Donald Trump a appelé samedi le Japon à des relations commerciales « plus justes » avec son pays au tout début d’une visite d’État qui devrait être néanmoins dominée par force échanges d’amabilités et marques de bonne entente entre les deux alliés.

« Le Japon a eu un avantage considérable pendant de très nombreuses années mais c’est OK et c’est peut-être pour ça que vous nous aimez tant », a lancé M. Trump au cours d’une réunion avec de grands patrons japonais, dont ceux du secteur automobile, organisée juste après son atterrissage en fin d’après-midi.

Mais cela va devenir « un peu plus juste », a-t-il ajouté, dans une allusion aux discussions en cours pour parvenir à un accord bilatéral entre les première et troisième économies du monde.

« Avec cet accord, nous espérons venir à bout du déséquilibre commercial, éliminer les entraves aux exportations américaines et assurer justice et réciprocité dans nos relations. Nous approchons ». « Nous espérons faire plusieurs nouvelles annonces prochainement dont de très grosses dans les mois qui viennent », a-t-il poursuivi.

En marge de cette visite, des discussions se sont tenues samedi soir entre le ministre japonais de l’Économie,  Toshimitsu Motegi, et le représentant américain au Commerce Robert Lighthizer, à l’issue desquelles M. Motegi a constaté devant la presse « un approfondissement » de la compréhension mutuelle entre les deux parties « sans que cela signifie que leurs positions soient en parfaite harmonie ».

« Nous avons convenu qu’il nous fallait faire des efforts pour parvenir prochainement à un accord […] mais je ne pense pas que nous le signerons le 27 », a ajouté le ministre japonais.

Si Donald Trump a reporté la semaine dernière de six mois l’imposition de droits de douane supplémentaires sur les importations de voitures japonaises et européennes, il a également déclaré que la dépendance des États-Unis envers l’industrie automobile étrangère représentait une menace pour la sécurité nationale américaine-ce qui n’a pas manqué d’irriter les géants comme Toyota.  

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Donald Trump à sa descente d'Air Force One en compagnie de son épouse Melania

Tournoi de sumo

Depuis qu’il est au pouvoir, il secoue la diplomatie mondiale avec notamment une politique économique agressive, même à l’encontre des plus vieux alliés des États-Unis, afin de protéger l’industrie américaine.  

Prenant le contre-pied de la Chine ou de l’Union européenne, plus offensifs, Tokyo se fait conciliant dans l’espoir de décrocher un accord plus favorable, et Shinzo Abe cultive soigneusement sa relation personnelle avec l’imprévisible dirigeant. Les deux hommes ne manqueront d’ailleurs pas de faire une partie de golf, leur passion commune.

Le Japon déroule le tapis rouge tout au long de ce deuxième voyage de M. Trump, dont le point d’orgue sera son entrevue lundi avec l’empereur, ainsi que le banquet donné en soirée au palais impérial.

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Donald Trump sera le premier dirigeant étranger à rencontrer le nouvel empereur Naruhito, monté sur le trône du Chrysanthème le 1er mai, après l’abdication de son père Akihito.

Le président américain sera le premier dirigeant étranger à rencontrer le nouvel empereur Naruhito, monté sur le trône du Chrysanthème le 1er mai, après l’abdication de son père Akihito. Les autres dirigeants devront attendre des festivités organisées en octobre pour avoir cet honneur.  

Dimanche, Donald Trump assistera à un tournoi de sumo, dans l’arène de Ryogoku Kokugikan. À l’issue de la rencontre, le président américain en personne remettra au vainqueur une « Coupe Trump », imposante par son poids et sa taille (une trentaine de kilogrammes et 1,4 mètre de haut).

On sait depuis les dernières joutes de samedi après-midi qu’il s’agira du Japonais Asanoyama, qui restera quoiqu’il arrive dimanche détenteur du plus grand nombre de victoires.

Programme taillé sur mesure

La séquence officielle diplomatique du voyage se limite à une brève réunion bilatérale avec un déjeuner de travail lundi, après quoi les dirigeants des deux pays parleront aux médias.

MM. Trump et Abe prévoient également de rencontrer les familles de Japonais enlevés dans les années 70 et 80 par la Corée du Nord dans le but d’en faire des formateurs d’espions nord-coréens. Shinzo Abe, pour qui ce sujet est d’une grande importance en politique intérieure, avait demandé à Donald Trump de soulever cette question dans ses discussions avec le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un.

Enfin, ils doivent visiter mardi la base navale commune de Yokosuka.    

En pleines tensions avec la Chine et avec l’Iran, le voyage est ainsi taillé sur mesure pour démontrer que Donald Trump « s’y connaît en politique étrangère et a bien des amis », résume Robert Guttman, de l’Université Johns Hopkins.

M. Abe et sa femme Akie s’étaient rendus en avril à la Maison-Blanche. Donald Trump doit lui retourner au Japon seulement quatre semaines après cette visite, pour le sommet du G20 à Osaka fin juin.