(Séoul) La Corée du Nord a affirmé dimanche avoir procédé à des essais de lance-roquettes multiples à longue portée et d’armes tactiques guidées, au lendemain de ce qui pourrait être le premier tir de missiles à courte portée par Pyongyang depuis plus d’un an.

L’agence étatique nord-coréenne KCNA a précisé que les tirs de lance-roquettes avaient eu lieu samedi et indiqué que ces exercices avaient été supervisés par le leader Kim Jong-un.

« L’objectif de ces exercices était d’inspecter les capacités opérationnelles et la précision de tir de lances-roquettes multiples de gros calibre et à longue portée ainsi que d’armes tactiques guidées », a ajouté l’agence, selon laquelle ces tirs ont également eu lieu vers la mer du Japon.

Ces derniers tirs ont eu lieu alors que le président américain Donald Trump assurait samedi rester confiant sur la volonté de Kim Jong-un de parvenir à un accord sur le nucléaire malgré le tir précédent de missiles à courte portée.

« Je crois que Kim Jong-un réalise tout à fait le grand potentiel économique de la Corée du Nord et qu’il ne fera rien pour interférer ou y mettre fin », avait réagi le président américain sur Twitter.

« Il sait aussi que je suis avec lui et il ne veut pas rompre la promesse qu’il m’a faite. Il y aura un accord ! », avait-il ajouté.

La Corée du Nord « a lancé plusieurs projectiles à courte portée » depuis la péninsule de Hodo, près de la ville côtière de Wonsan, en direction du nord-est entre 9 h 06 (0 h 06 GMT) et 9 h 27, avait indiqué auparavant le haut commandement militaire sud-coréen dans un communiqué. Dans un premier communiqué, il faisait référence à des « missiles ».

Les projectiles ont parcouru entre 70 et 200 km au-dessus de la mer du Japon, avait-il précisé. Selon le ministère nippon de la Défense, aucun n’a a priori survolé le Japon.

« Reprise rapide du dialogue »

La présidence sud-coréenne a exprimé sa « grave inquiétude », estimant que l’action nord-coréenne était contraire à un accord militaire signé entre les deux Corées l’année dernière.

« Nous appelons la Corée du Nord à participer activement aux efforts visant à une reprise rapide du dialogue », a poursuivi la Maison Bleue, la présidence sud-coréenne.

Plus tôt cette semaine, Pyongyang avait averti les États-Unis d’« un résultat indésirable » s’ils n’ajustaient pas leur position d’ici la fin de l’année, alors que les négociations sur le programme balistique et nucléaire de la Corée du Nord sont au point mort depuis trois mois.

« Notre résolution en matière de dénucléarisation reste intacte et nous le ferons quand le moment sera venu », avait déclaré la vice-ministre nord-coréenne des Affaires étrangères Choe Son Hui.

« Mais cela ne sera possible que si les États-Unis revoient et reformulent leur calcul actuel », avait-elle poursuivi.

« Kim a décidé de rappeler au monde-et plus particulièrement aux États-Unis-que ses capacités d’armement augmentent de jour en jour », a commenté Harry J. Kazianis, directeur des études coréennes au Center for the National Interest à Washigton.

L’expert craint « le début d’un retour au temps des menaces de guerre nucléaire et des insultes personnelles, un cycle de tensions dangereux qu’il faut éviter à tout prix ».

L’initiative nord-coréenne intervient avant la visite au Japon et en Corée du Sud, la semaine prochaine, du représentant spécial américain Stephen Biegun.

Selon Washington, il discutera avec ses interlocuteurs des « efforts pour progresser vers une dénucléarisation complète et intégralement contrôlée de la Corée du Nord ».

En novembre et en avril, Pyongyang avait déjà annoncé avoir testé de mystérieuses « armes tactiques », sans plus de précisions. Il s’agissait des premiers essais d’armement annoncés par le Nord depuis le début, en 2018, de ses négociations avec les États-Unis sur ses programmes militaires.

Le régime nord-coréen s’est toutefois abstenu jusqu’à présent de tester des missiles balistiques ou des armes nucléaires, ce qui donnerait un coup d’arrêt définitif à son rapprochement avec Séoul et Washington. Le dernier tir de missile remonte à novembre 2017.

Dénucléarisation « substantielle »

Les lancements de samedi « ne violent pas le moratoire sur les essais de missiles que s’est lui-même imposé Kim Jong-un », qui « ne s’applique qu’aux missiles balistiques intercontinentaux », a estimé à Séoul le spécialiste de la Corée du Nord Ankit Panda.

Lors du sommet historique avec Donald Trump en juin 2018 à Singapour, Kim Jong-un s’était engagé à « travailler vers la dénucléarisation complète de la péninsule coréenne ».  

Mais le scepticisme a grandi avec l’absence d’avancées concrètes et les deux dirigeants se sont quittés en février à Hanoï sur un désaccord. M. Kim réclamait une levée des sanctions trop importante aux yeux de M. Trump, en échange d’un début de dénucléarisation jugé trop timide.

La ministre sud-coréenne des Affaires étrangères Kang Kyung-wha a estimé vendredi que Pyongyang devait montrer une dénucléarisation « visible, concrète et substantielle » pour obtenir un allègement des sanctions.

Parallèlement, M. Kim a rencontré fin avril le président russe Vladimir Poutine à Vladivostok pour leur premier sommet, durant lequel il s’est plaint de la « mauvaise foi » des Américains dans la crise nucléaire.