Plus de 27 000 réfugiés de Birmanie sont passés au Bangladesh voisin en une semaine, fuyant les combats entre des rebelles musulmans rohingyas et l'armée birmane, accusée par des militants d'avoir tué 130 civils d'un même village.

Selon les derniers chiffres donnés vendredi par l'ONU, 27 400 personnes sont arrivées au Bangladesh depuis vendredi dernier et 20 000 seraient bloquées à la frontière. Ces réfugiés sont majoritairement des Rohingyas.

Parallèlement, Chris Lewa, du projet Arakan, une organisation de défense des droits des Rohingyas, a expliqué à l'AFP que «des forces de sécurité accompagnées par des villageois de l'ethnie Rakhine ont attaqué le village de Chut Pyin dimanche, ont brûlé les maisons et ouvert le feu sur les Rohingyas qui fuyaient».

«D'après une liste que nous avons pu établir, 130 personnes ont été tuées, dont des femmes et des enfants», a-t-elle ajouté.

La région est bouclée depuis octobre par l'armée et aucun journaliste ne peut s'y rendre de façon indépendante. Contacté par l'AFP, le gouvernement birman n'a pas répondu.

Le point de départ des violences a été l'attaque vendredi dernier d'une trentaine de postes de police par la rébellion naissante, l'Arakan Rohingya Salvation Army (ARSA).

Depuis, des dizaines de milliers de Rohingyas ont pris la route de l'exil vers le Bangladesh voisin. Et des centaines de villageois de l'ethnie Rakhine, bouddhistes, ont également fui leurs habitations pour rejoindre les villes birmanes hors de la zone des troubles.

Nombre de Rohingyas tentent leur chance sur des rafiots de pêche à travers la rivière Naf, qui marque une frontière naturelle entre la Birmanie et la pointe sud-est du Bangladesh. Les flots de ce cours d'eau peuvent être particulièrement capricieux en cette période de mousson en Asie du Sud.

Seize nouveaux corps ont retrouvés vendredi sur la rive bangladaise de la rivière. Au total, ces derniers jours 39 corps se sont échoués, a indiqué un officiel de la région de Cox Bazar, sous le couvert de l'anonymat.

«Les corps étaient en état de décomposition avancée et devaient donc être dans la rivière depuis un certain temps», a-t-il ajouté.

Plus de 400 000 réfugiés rohingyas se trouvent déjà au Bangladesh après avoir fui des vagues de violences précédentes. Et le pays, qui ne veut plus en accueillir davantage, a fermé sa frontière.

L'envoyée spéciale pour les Nations unies en Birmanie, Yanghee Lee, a exprimé jeudi son inquiétude, se disant «sérieusement préoccupée» par la situation et réclamant que le cycle de la violence soit «rompu de manière urgente».