Le Parlement japonais a voté vendredi une loi permettant à l'empereur Akihito, âgé de 83 ans, de céder le trône à son fils aîné, ouvrant ainsi la voie à la première abdication en plus de 200 ans.

Akihito, âgé de 83 ans, avait créé la surprise en août dernier en laissant filtrer dans une allocution télévisée ses craintes quant à ses aptitudes à accomplir les multiples tâches liées à son rang de «symbole de la nation et de l'unité du peuple», du fait de son âge.

La loi ne s'applique qu'à lui seul et il doit céder la place à son fils aîné, le prince Naruhito, à une date qui sera fixée par décret, dans les trois ans suivant son entrée en vigueur. Le texte soumis par le gouvernement du Premier ministre conservateur Shinzo Abe avait été voté par la Chambre basse il y a une semaine et a été définitivement adopté par le Sénat ce vendredi.

Si tout se passe comme prévu, il pourrait, selon la presse japonaise, renoncer à ses fonctions dès fin 2018 et laisser au prince héritier le trône du Chrysanthème début 2019, après trois décennies d'un règne baptisé Heisei ou «parachèvement de la paix».

Aucun mécanisme n'était prévu pour autoriser son abdication et, suivant les recommandations d'une commission ad'hoc créée par M. Abe, le gouvernement a décidé de proposer une loi d'exception.

L'opposition de gauche et des universitaires avaient émis la crainte qu'une large réforme de la loi sur la Maison impériale ne prenne trop de temps et ne puisse par ailleurs être utilisée aux dépens du souverain ou de ses successeurs via des pressions politiques pour abdiquer.

Message de paix 

La succession a lieu immédiatement après l'abdication et marque le début d'une nouvelle ère dont le nom est décidé au terme d'une longue investigation. Après son abdication, l'empereur devient empereur retraité et l'impératrice impératrice retraitée.

Né le 23 décembre 1933, en pleine conquête militariste de l'Asie par le Japon, Akihito était enfant quand son père Hirohito fut déchu de son statut divin à la suite de la capitulation nippone intervenue en août 1945.

Il est ainsi le premier empereur a avoir été intronisé sous la Constitution de 1947, imposée par les États-Unis après la défaite et qui précise qu'il est «le symbole de l'État et de l'unité du peuple dont la position découle de la volonté populaire, détentrice du pouvoir souverain».

Ce frêle octogénaire à la voix douce, héritier de la plus ancienne famille régnante du monde - dont les racines remontent à plus de 2600 ans selon la mythologie, au VIIe siècle après J.C. selon les historiens - , s'est efforcé de se rapprocher des citoyens japonais, auprès de la majorité desquels il jouit d'un immense respect.

Le 16 mars 2011, cinq jours après le séisme et le tsunami qui ont dévasté le nord-est du pays, faisant plus de 18 500 morts et disparus et des centaines de milliers de sinistrés, Akihito s'était ainsi adressé directement aux Japonais via la télévision, une «première».

125e empereur du Japon, il a su moderniser par petites touches la fonction impériale japonaise, tout en distillant un message de paix rejetant le nationalisme de la Seconde guerre mondiale.