La Cour suprême indienne a débuté jeudi son examen de la légalité du divorce par répudiation express de la femme autorisé chez les musulmans, un dossier brûlant qui touche au coeur de la conception de la laïcité du pays.

Pratique interdite dans de nombreux pays musulmans, mais acceptée en Inde, il suffit à un homme de prononcer trois fois le mot «je divorce» («talaq, talaq, talaq») pour répudier sa femme. Des médias se sont fait écho de cas de divorces par lettre, Skype ou même message Whatsapp en Inde.

Plusieurs femmes musulmanes divorcées de cette manière avaient engagé un recours devant la Cour suprême pour obtenir l'interdiction de cette procédure.

«Nous avons dit à la cour que cette pratique n'a aucun fondement dans la loi ou le Coran», a déclaré Balaji Srinivasan, avocat d'une femme dont le mari avait laissé la formule funeste écrite sur un bout de papier.

Un panel de cinq juges des principales religions d'Inde - hindouisme, islam, christianisme , sikhisme et zoroastrisme - devrait rendre sa décision la semaine prochaine.

La laïcité à l'indienne, telle que définie dans sa Constitution, place toutes les religions sur un pied d'égalité.

Les croyances de chaque personne définissent le droit qui prévaudra en matière de mariage, divorce ou héritage. Les mêmes règles ne s'appliqueront ainsi pas pour un hindou qu'un musulman, par exemple.

Le gouvernement du premier ministre Narendra Modi soutient le recours contre le triple talaq, l'estimant inconstitutionnel et discriminatoire envers les femmes. Les nationalistes hindous militent de longue date pour un code civil uniformisé.

Mais cette prise de position du pouvoir en place est contestée au sein de la communauté musulmane, même parmi des opposants au triple talaq.

Leur crainte sous-jacente est de voir à terme les minorités privées de leurs lois religieuses, avec le spectre de la domination de l'hindouisme majoritaire.

«Le triple talaq est répréhensible (...) et nous nous sommes exprimés contre son usage, mais nous voulons que la Cour et le gouvernement restent à l'écart», a déclaré à l'AFP Zafaryab Jilani, de l'All India Muslim Personal Law Board, une association d'organisations musulmanes.