Taïwan a appelé la Chine à garder son calme lundi après l'entretien téléphonique entre le président désigné américain et la chef de l'État taïwanaise, qui a rompu avec 40 années de diplomatie américaine.

Le ministère chinois des Affaires étrangères avait expliqué samedi avoir «protesté solennellement» après l'appel donné par la présidente taïwanaise Tsai Ing-wen à Donald Trump. «Il n'existe qu'une seule Chine, et Taïwan est une part inaliénable du territoire chinois», avait martelé le ministère chinois.

Taïwan est de facto séparée de la Chine depuis 1949. Mais Pékin la considère toujours comme une partie intégrante de son territoire, susceptible d'être reprise par la force.

Mme Tsai et son parti ont remporté une victoire écrasante aux élections de janvier face au Kuomintang qui avait mené une politique de rapprochement avec Pékin.

Depuis l'entrée en fonctions du nouveau gouvernement taïwanais en mai, les relations se sont considérablement rafraîchies. Pékin a coupé toute communication officielle avec Taïwan.

La ministre des Affaires chinoises de Taïwan Hsiao-yueh a appelé Pékin à considérer cette affaire avec une «attitude calme».

«Le gouvernement apprécie ses relations avec (la Chine) et la présidente a dit plusieurs fois que Taïwan ne reprendrait pas l'ancien chemin de la confrontation. Je ne crois pas qu'il s'agisse d'un acte de provocation», a-t-elle dit à la presse.

L'appel de vendredi rompt avec 40 ans de diplomatie américaine. Washington soutient la politique d'une «seule Chine», qui l'a conduit à interrompre à la fin des années 1970 ses relations diplomatiques avec Taïwan.

M. Trump a de nouveau visé la Chine dimanche en l'accusant de dévaluer sa monnaie et de construire «un vaste complexe militaire en mer de Chine méridionale».

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La presse chinoise ménage Donald Trump lundi, mais menace Taïwan de rétorsions.

M. Trump a de nouveau ciblé la Chine dimanche en l'accusant de dévaluer sa monnaie et de construire «un vaste complexe militaire en mer de Chine du sud».

Dans l'attente d'une réaction officielle, les médias chinois restent prudents, à l'instar du Global Times, qui se contente de rappeler sur son site internet à propos de la mer de Chine que «construire sur son territoire fait partie des attributs de la souveraineté».

Les éditoriaux de la presse de lundi mettent sur le compte de l'inexpérience diplomatique du magnat de l'immobilier le fait qu'il ait accepté de parler par téléphone vendredi avec la présidente de Taïwan, Tsai Ing-wen.

Cet entretien a reçu «une importance qu'il ne mérite pas», estime le China Daily, y voyant simplement le signe de «l'inexpérience de Trump et de son équipe de transition en matière d'affaires étrangères».

Pékin considère Taïwan comme une de ses provinces et s'oppose à toute relation officielle entre des dirigeants étrangers et les autorités taïwanaises.

«La question de Taïwan fait partie des sujets les plus sensibles en Asie orientale et si l'on s'y prend mal, cela pourrait conduire à la guerre», écrit le Global Times, aux positions nationalistes considérées habituellement proches de la ligne du régime chinois, dans un éditorial titré «Parlez à Trump, punissez l'administration Tsai».

Le journal note qu'il serait «déplacé de s'en prendre à Trump puisqu'il est toujours président désigné», mais qu'en revanche Pékin peut sanctionner Taïpei «afin de lui adresser un message». La Chine pourrait ainsi faire perdre «un ou deux alliés diplomatiques» à Taïwan, parmi la vingtaine d'États, dont le Vatican, qui entretiennent des relations avec l'île plutôt qu'avec Pékin, plaide le quotidien de langue anglaise.

Le Global Times suggère aussi que Pékin «renforce son déploiement militaire» au large de Taïwan.

Mais vis-à-vis du futur président des États-Unis, «il vaut mieux engager des discussions constructives avec lui», selon le quotidien.