Le puissant séisme survenu la semaine dernière au Népal a fait au moins 6204 morts et 13 932 blessés, selon le dernier bilan officiel communiqué vendredi par les autorités du pays himalayen.

Selon l'ONU, huit des 28 millions de Népalais, dont 1,7 million d'enfants, ont été affectés par ce séisme de magnitude 7,8, le plus meurtrier dans le pays depuis plus de 80 ans.

La communauté internationale s'est rapidement mobilisée et des centaines de secouristes étrangers sont à pied d'oeuvre pour rechercher des rescapés dans les décombres, soigner les blessés, installer camps de fortune ou équipements sanitaires.

Sauvetages dans les décombres

Les sauveteurs ont sorti un adolescent de 15 ans et une jeune femme des décombres de Katmandou jeudi, cinq jours après le séisme meurtrier qui a fait près de 6204 morts au Népal et détruit une bonne partie du pays. 

Le sauvetage de Pemba Tamang, qui a raconté à l'AFP avoir survécu en buvant du beurre clarifié (le «ghee»), a été salué comme un miracle et accueilli par des applaudissements de la foule rassemblée autour des gravats qui le retenaient prisonnier.

PHOTO ADNAN ABIDI, REUTERS

Le miracle du sauvetage de Pemba Lama est intervenu dans un quartier de Katmandou, Gongabu, où l'adolescent était enseveli sous les décombres d'une pension.

Quelques heures plus tard, une femme d'une trentaine d'années a été retrouvée indemne sous les gravats d'un petit hôtel grâce à un système d'écoute de secouristes français.

Ces découvertes offrent une rare éclaircie dans un horizon très sombre pour le Népal, les coordinateurs de l'aide ayant prévenu que certains villages très touchés ne pouvaient être rejoints qu'après cinq jours de marche.

«Je ne pensais pas m'en sortir vivant», a dit Pemba à l'AFP depuis le campement hospitalier israélien où il a été placé en observation.

Il a raconté qu'il était en train de déjeuner près de la réception de l'hôtel qui l'emploie quand le sol s'est mis à trembler.

«J'ai essayé de courir, mais quelque chose est tombé sur ma tête et j'ai perdu connaissance, je ne sais pas pendant combien de temps», a-t-il dit.

«Quand je suis revenu à moi, j'étais coincé dans les décombres et il faisait complètement noir. J'ai entendu d'autres voix crier à l'aide autour de moi, mais je me suis senti impuissant», ajoute-t-il.

C'est un pot de ghee trouvé dans le noir qui lui a permis de survivre. «Je ne sais pas d'où il venait».

Quant à la femme, les secouristes l'ont localisée grâce à l'écoute d'une respiration sous les gravats. «On a entendu un simple souffle qui nous a indiqué qu'il y avait sûrement quelqu'un dessous. Elle va bien et je pense qu'elle va s'en sortir sans problème. Elle est jeune et robuste, elle l'a prouvé en restant dans ce trou», a commenté auprès des vidéastes de l'AFP ce secouriste, Thierry Velu.

Un autre homme, Rishi Khanal, avait été retiré vivant mardi soir des gravats par des sauveteurs français après avoir été coincé 82 heures. Le jeune homme de 28 ans va devoir être amputé d'une jambe: «je pensais pouvoir retravailler (...) comment vais-je faire après ça?», a-t-il dit à l'AFP.

Villages à 5 jours de marche 

Des dizaines de Gurkhas, soldats d'origine népalaise combattant dans les rangs britanniques, ont rendu hommage jeudi aux victimes du séisme, défilant dans les rues de Londres pour le 200e anniversaire de leur service sous le drapeau de la couronne.

De leur côté, les Nations unies ont lancé un appel de fonds de 415 millions de dollars pour les millions de rescapés qui manquent cruellement de vivres, de médicaments et d'eau potable dans la capitale Katmandou et les régions rurales.

Le Fonds monétaire international s'est dit prêt à augmenter le montant de son aide au Népal. Une équipe d'experts sera envoyée sur place «dès que possible», selon le FMI.

Pour leur part, les autorités népalaises ont annoncé la reprise d'ici la semaine prochaine des ascensions sur l'Everest, une source de recettes cruciales pour le pays, en dépit de l'avalanche déclenchée samedi par le séisme et qui a fait plus de 18 morts.

Le sauvetage de l'adolescent de Katmandou va probablement donner du baume au coeur aux sauveteurs qui ont dû jusque-là travailler dans des conditions compliquées, les répliques du séisme et la pluie rendant difficiles leurs efforts.

Même si ces répliques s'estompent, certaines ont encore été ressenties dans la nuit à Katmandou. La population de la capitale est épuisée et contrainte de survivre largement à l'extérieur.

«Combien de temps pouvons-nous vivre dans la rue?», lance désespérée Rajina Maharjan depuis une tente installée devant sa maison endommagée, avec son mari, ses beaux-parents et fils de quatre ans.

Selon l'ONU, quelque 70 000 maisons ont été détruites et 530 000 endommagées dans 39 des 75 districts du pays.

Le gouvernement a reconnu être dépassé par l'ampleur des conséquences de ce séisme, le plus meurtrier depuis plus de 80 ans au Népal.

Dans son dernier rapport sur la situation, l'ONU souligne que les opérations de recherche et de secours (SAR) sont encore très limitées en dehors de Katmandou.

«Certains villages ne peuvent être atteints qu'à pied, parfois à quatre à cinq jours de marche. Les quantités d'essence pour transporter les équipes SAR sont limitées», indique-t-il.

«Certaines villes et des villages dans les districts les plus durement touchés près de l'épicentre ont connu une dévastation presque totale», a indiqué la Croix-Rouge jeudi. Selon leurs experts sur place «90% des habitations» de Chautara, localité dans le district de Sindupalchowk (région montagneuse au nord-est de Katmandou) «y ont été détruites».

Dans ce seul district la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FISCR) a évalué à jusqu'à 40 000 le nombre des maisons détruites.

Certains pays comme la France profitent de leurs vols humanitaires pour rapatrier leurs ressortissants. Sur les trois vols organisés par Paris, l'un a regagné la France jeudi matin avec 206 rescapés, selon les autorités françaises. Un deuxième avion s'est posé dans la soirée à l'aéroport parisien de Roissy avec 110 rescapés, parmi lesquels 17 étrangers. Trois Français sont officiellement morts dans le séisme, mais on reste sans nouvelles de plus de 200 personnes.

PHOTO MENAHEM KAHANA, AFP

Krishna Khadka, une femme de 42 ans, a également été sortie vivante jeudi soir des décombres de la même maison d'hôte par des secouristes français.