Les rebelles talibans afghans vont ouvrir un bureau de représentation au Qatar destiné à établir des contacts avec le reste du monde, a annoncé mardi à l'AFP leur porte-parole.

«Le bureau va ouvrir aujourd'hui au Qatar», a déclaré Zabiullah Mujahid, porte-parole des rebelles en guerre depuis près de douze ans contre le gouvernement de Kaboul et ses alliés de l'OTAN.

Devant l'enlisement du conflit afghan, un nombre croissant de responsables afghans et occidentaux ont plaidé ces dernières années pour l'ouverture de négociations de paix, notamment pour éviter une future guerre civile après le retrait de la majorité des soldats de l'OTAN du pays à la fin 2014.

Mais malgré quelques contacts préliminaires, notamment entre talibans et Occidentaux, aucun processus n'a pu être enclenché depuis.

Les talibans ont jusqu'ici toujours refusé de participer à de telles négociations tant qu'il restera des soldats étrangers, qu'ils considèrent comme des «envahisseurs», sur le sol afghan.

Mais en janvier 2012, ils avaient fait un premier pas dans cette direction en se disant prêts à avoir un bureau politique hors d'Afghanistan pour faciliter des négociations de paix. Doha, capitale du Qatar, s'est rapidement imposée comme la solution la plus pratique pour l'accueillir, et des représentants talibans s'y sont installés.

Dans un communiqué envoyé par courriel à l'AFP mardi, les rebelles afghans expliquent que ce bureau les aidera notamment à bâtir des relations avec le reste du monde et d'autres groupes afghans, contacter les Nations unies et d'autres agences internationales et publier des informations pour les médias.

«L'Émirat islamique d'Afghanistan (le commandement taliban) ne veut pas que l'Afghanistan serve à échafauder des menaces pour d'autres pays, et ne permettra pas plus à quiconque de menacer d'autres pays à partir du territoire afghan», soulignent-ils.

«Nous soutenons le principe d'une solution politique et pacifique qui puisse mettre fin à l'occupation de l'Afghanistan et garantir au pays un régime islamique et la sécurité», ajoutent-ils dans ce communiqué qui ne fait référence à aucune discussion de paix entre les talibans et le gouvernement afghan. Il remercie aussi l'émir du Qatar pour leur permettre d'ouvrir ce bureau.

Un peu plus tôt dans la journée, le président afghan Hamid Karzaï avait annoncé qu'il allait envoyer des émissaires au Qatar pour discuter avec les talibans et tenter de mettre fin à près de douze ans de guerre dans le pays.

M. Karzaï tente en vain depuis plusieurs années d'ouvrir des discussions de paix avec les rebelles, et a pour cela créé une instance gouvernementale spécifique, le Haut conseil pour la paix (HCP).

Mais les rebelles, qui ont gagné du terrain ces dernières années en Afghanistan, ont jusqu'ici refusé de discuter avec son gouvernement, qu'ils considèrent comme une «marionnette des États-Unis».

M. Karzaï s'était au départ opposé à l'ouverture d'un bureau de représentation taliban hors d'Afghanistan, craignant notamment que son gouvernement ne soit exclu d'éventuelles discussions directes entre Américains et talibans.

«Nous espérons que l'ouverture de ce bureau, immédiate ou future, permettra d'entamer dès que possible des discussions entre le HCP  et les talibans», a ajouté M. Karzaï, en ajoutant toutefois que toute discussion de paix devrait ensuite se poursuivre sur le sol afghan.

Des contacts préliminaires en vue de discussions de paix ont eu lieu ces deux dernières années entre des émissaires de Washington, qui dirige la force de l'OTAN dans le pays, et des représentants talibans. Mais ils avaient tourné court, faute d'accord entre les deux parties.

Les talibans réclamaient notamment, avant toute discussion, la libération de cinq de leurs cadres emprisonnés à Guantanamo, ce que Washington a refusé.

Les rebelles afghans ont de plus toujours affirmé jusqu'ici qu'ils ne négocieraient pas la paix tant qu'il resterait des soldats étrangers dans le pays.

Les Américains, qui prévoient de laisser des soldats dans le pays après 2014, posent de leur côté comme préalable à toute discussion l'acceptation par les talibans de la Constitution afghane et la rupture de leurs liens avec Al-Qaïda.