Les dirigeants du Vietnam ont tous survécu mardi au premier vote de confiance de l'Assemblée nationale, un processus jugé «historique» par le régime communiste mais critiqué par les militants pro-démocratie comme destiné avant tout à renforcer la légitimité de ce dernier.

Les députés avaient créé fin novembre ce vote annuel et obligatoire de l'Assemblée pour les plus hauts dirigeants du pays, dont le premier ministre et le président, espérant en particulier redorer l'image du pouvoir dans un pays en proie à une crise économique désastreuse.

Le premier ministre Nguyen Tan Dung a obtenu 68% de «confiance» ou de «confiance haute», mais 32% des députés ont tout de même exprimé une «confiance faible» à l'encontre de celui qui a été très critiqué ces derniers mois, notamment pour sa gestion économique.

Ceux qui obtiennent moins de 50% de près de 500 voix pendant deux années consécutives doivent en principe démissionner. Mais mardi, tous les dirigeants ont franchi ce seuil.

Le résultat du premier ministre est un «désastre» mais il n'affectera pas sa position, a expliqué à l'AFP Carl Thayer, un expert australien du Vietnam, ajoutant qu'il traduisait des différends persistants au sommet du pouvoir. «Le vote révèle que le combat entre factions au sein du parti devrait se poursuivre».

D'autres hauts responsables, dont le gouverneur de la Banque centrale et les ministres de l'Éducation et de la Santé, ont reçu eux aussi un nombre important de «confiance faible». Mais ils ont tous évité d'éventuelles mesures disciplinaires.

«Il n'y a rien de surprenant», a déclaré de son côté à l'AFP Nguyen Quang A, un analyste politique, jugeant «ridicule» que les députés ne puissent pas clairement afficher leur «défiance».

L'Agence vietnamienne d'information (AVI) a salué un processus «historique». Mais des observateurs évoquaient une consultation jouée d'avance dans un hémicycle qui fait figure de chambre d'enregistrement des décisions du Parti, confronté à la colère croissante des Vietnamiens sur fond de crise et de corruption galopante.

«Si le peuple avait été autorisé à voter, les dirigeants auraient échoué immédiatement», a écrit le célèbre blogueur Nguyen Quang Lap dans un commentaire en ligne.

Plus de 90% des députés sont des membres du Parti communiste, qui interdit tout débat politique et emprisonne régulièrement les opposants.

Le dissident Pham Hong Son, qui a passé près de cinq ans en prison et est actuellement en grève de la faim pour soutenir un militant détenu, a décrit un processus dépourvu de toute crédibilité.

«Ce n'est qu'une nouvelle validation pour le régime autoritaire, une nouvelle couverture pour eux. Finalement, ils ne font ce genre de choses que pour maintenir le pouvoir exclusif du Parti communiste», a-t-il déclaré à l'AFP depuis son domicile de Hanoï.

La militante octogénaire Le Duc Hien a affirmé quant à elle que ce vote n'était «pas objectif parce que tout a été décidé à l'avance par le parti».