L'ancien ministre des Chemins de fer chinois a comparu dimanche devant la justice pour répondre de malversations financières et d'abus de pouvoir, dans le premier grand procès anticorruption sous la présidence de Xi Jinping.

Les faits reprochés à Liu Zhijun, 60 ans, lui font encourir la peine de mort ou une longue peine de réclusion criminelle. Le verdict pourrait être annoncé dans les prochains jours.

Déjà révoqué début 2011 du Parti communiste chinois (PCC), M. Liu est accusé d'avoir touché 64,6 millions de yuans (10,7 millions de dollars) en pots-de-vin de 1986 à 2011, selon l'acte de renvoi au tribunal cité par l'agence Chine nouvelle.

On lui reproche également des infractions de favoritisme au bénéfice de 11 personnes, dans le cadre de promotions ou d'attributions de contrats.

La télévision d'État chinoise a diffusé des images de l'ancien grand patron, interrogé debout et visiblement amaigri, dans la salle du tribunal de Pékin où s'est ouvert son procès.

L'audience n'avait pas été annoncée à l'avance et le public autorisé à suivre les débats a été soigneusement sélectionné, comme c'est l'usage en Chine.

Les actes de Liu Zhijun ont profondément terni l'image de la direction du réseau ferroviaire chinois, dont l'édification rapide provoquait jusque-là l'admiration, y compris à l'étranger.

«Les malversations de Liu ont causé de gros préjudices aux finances publiques et aux intérêts de l'État et du peuple», a commenté Chine nouvelle.

En avril M. Liu s'était séparé de son avocat, car celui-ci ne pouvait lui garantir d'échapper à la peine capitale.

Son nouveau défenseur, Qian Lieyang, a déclaré au site internet du Quotidien du peuple que son client n'avait pas réfuté dimanche les charges à son encontre. Les débats ont selon lui porté sur l'ampleur des montants détournés.

Selon le journal Global Times, le ministre avait par ailleurs au moins dix maîtresses, parmi lesquelles des actrices.

Devenu président en mars, Xi Jinping s'est engagé à lutter contre la corruption à tous les niveaux du gouvernement, un fléau qui, selon lui, menace l'avenir du parti unique au pouvoir.

Le président a promis que la répression frapperait «les mouches et les tigres», c'est-à-dire aussi bien les petits cadres que les dirigeants.

La lutte contre les pots-de-vin est toutefois mentionnée chaque année comme une priorité du gouvernement chinois, et en particulier à chaque accession au pouvoir d'une nouvelle équipe rajeunie, sans que dans les faits soit lancée une véritable opération mains propres.

La Chine doit par ailleurs encore organiser, à une date non connue, le procès du dirigeant déchu Bo Xilai, au coeur du plus vaste scandale au sommet du pouvoir chinois depuis des années.

Quelques mois après le limogeage de Liu Zhijun, la réputation du ministère des Chemins de fer a été davantage entamée par la collision de deux TGV qui avait fait 40 morts le 23 juillet 2011 près de Wenzhou (est), le pire accident ferroviaire en Chine depuis 2008.

Cette catastrophe avait suscité de graves inquiétudes sur la sécurité du réseau grande vitesse chinois. L'accident a aussi fortement pénalisé l'industrie ferroviaire chinoise sur les marchés étrangers.

Conséquence de cette collision et des faits reprochés à M. Liu, le ministère des Chemins de fer a été démantelé en mars et ses services ont été placés sous le contrôle du ministère des Transports.

Le réseau TGV chinois est en plein essor: seulement créé en 2007 il est déjà le plus vaste du monde. Ce réseau inclut la plus grande ligne de train à grande vitesse du monde, l'axe Pékin-Canton, ouvert fin 2012.