Les deux Corées se rencontreront dimanche dans un village situé sur leur frontière commune lourdement défendue pour les premières discussions à l'échelle gouvernementale dans la péninsule en plus de deux ans, alors que les deux pays tentent d'abaisser les tensions et de relancer un rapprochement.

Pyongyang a accepté de mener des discussions à Panmunjon via une ligne téléphonique de la Croix-Rouge restaurée la veille, a annoncé par message texte le ministre sud-coréen de l'Unification. La Corée du Nord avait précédemment exprimé sa préférence pour sa ville frontalière de Kaesong, qui accueille le parc industriel évacué en mai après la hausse des tensions.

Des représentants des deux pays rivaux se sont rencontrés dans la péninsule en février et leurs envoyés spéciaux sur la question nucléaire s'étaient réunis à Pékin plus tard, la même année, mais aucune rencontre intergouvernementale n'a eu lieu depuis. La rencontre de dimanche serait le signe le plus flagrant de l'apaisement des tensions depuis que Pyongyang a menacé d'attaquer la Corée du Sud et les États-Unis avec des missiles nucléaires plus tôt cette année, et que le Sud a menacé le Nord de représailles.

Cette ouverture survient également alors que leurs principaux alliés respectifs négocient entre eux. Le président américain Barack Obama a entamé vendredi un sommet avec le président chinois Xi Jinping en Californie pour aborder plusieurs dossiers, y compris le programme nucléaire nord-coréen.

La Chine permet à la Corée du Nord de se garder à flot, alors que le régime stalinien éprouve des ennuis énergétiques et économiques. Pékin voit également la stabilité à Pyongyang comme cruciale pour sa propre économie et sa sécurité frontalière. Mais après le troisième test nucléaire nord-coréen en février, la Chine a resserré ses inspections des échanges commerciaux transfrontaliers et a interdit à ses banques nationales de faire affaire avec la Banque d'échanges internationaux de la Corée du Nord.

Les échanges entre les Corées, dimanche, pourraient représenter un changement dans l'approche nord-coréenne, affirment des analystes. D'autres estiment que la Corée du Nord tente de diminuer la pression internationale visant à mettre fin à son programme de fabrication d'armes nucléaires. Il s'agit d'un dossier prioritaire pour Washington, mais cette question ne figurait pas à l'ordre du jour des rencontres prévues entre le Nord et le Sud.

Selon ministère de l'Unification, les discussions à Panmunjom visent à organiser une rencontre entre hauts responsables. Aucun autre détail n'a été révélé.

Pyongyang comprend que le dialogue avec Séoul est une condition essentielle pour mener des négociations efficaces avec les États-Unis, affirme Yoo Ho-yeol, un expert sur la Corée du Nord à l'Université de Corée, en Corée du Sud. Il ajoute que les récentes ouvertures du Nord visent à créer un état d'esprit qui pourrait mener à des négociations entre Pyongyang et Washington.