Le futur Premier ministre du Pakistan Nawaz Sharif, dont le parti vient de remporter les législatives, s'est dit lundi ouvert à des pourparlers de paix avec les insurgés talibans, principaux responsables d'une vague extrêmement meurtrière d'attentats, soulignant qu'il s'agissait d'une priorité le prochain gouvernement.

Le principal groupe de ces rebelles islamistes, le Mouvement des Talibans du Pakistan (TTP), qui a fait allégeance en 2007 à Al-Qaïda, avait fait part en février de sa volonté de négocier avec le gouvernement. Mais il a multiplié les attentats contre les partis laïcs durant la campagne électorale et menacé de mort les Pakistanais qui se rendraient aux urnes. Les talibans tiennent la démocratie pour «antiislamique».

«Si les talibans nous ont offert la possibilité d'ouvrir un dialogue avec eux alors nous devons la prendre au sérieux», a déclaré M. Sharif s'adressant à Lahore, dans l'est, aux députés nouvellement élus de son parti, la Ligue Musulmane du Pakistan-Nawaz, qui a remporté largement les législatives du 11 mai.

«Le terrorisme est l'un des principaux problèmes auxquels le Pakistan fait face. Instaurer la paix est l'une de nos principales priorités et nous sommes en train de discuter des moyens d'y parvenir», a-t-il ajouté.

M. Sharif, ancien Premier ministre jusqu'à un putsch militaire en 1999, avait déjà manifesté son soutien à un éventuel processus de paix avec les talibans durant la campagne électorale.

Le TTP est l'un des principaux groupes d'insurgés islamistes responsables d'une vague d'attentats --suicide pour la plupart-- qui a fait près de 6000 morts dans tout le pays depuis 2007 quand, au diapason d'Oussama ben Laden en personne, il avait décrété le «djihad» au gouvernement pakistanais, allié-clé de Washington dans sa «guerre contre le terrorisme».

Ben Laden a été tué le 2 mai 2011 par un commando américain héliporté clandestinement dans une ville du nord du Pakistan où il se cachait.

Ces dernières années, les précédents gouvernements pakistanais avaient déjà conclu des accords de paix locaux avec des factions des talibans, y compris le TTP, dans leurs bastions tribaux du nord-ouest frontalier avec l'Afghanistan, mais les insurgés en avaient à chaque fois profité pour se refaire une santé avant de rompre les trêves.

Le porte-parole du TTP, Ehsanullah Ehsan a récemment déclaré que les insurgés «attendraient que les partis politiques aient formé leur gouvernement», mais a dit à l'AFP avant le scrutin que «quiconque entrerait en conflit avec l'islam», serait pris pour cible.