Les chefs de gouvernement indien et chinois se sont engagés lundi à mettre un terme à leur différend frontalier, qui empoisonne depuis des décennies leurs relations, estimant qu'une bonne entente entre les deux géants asiatiques était un facteur-clé pour la paix mondiale.

Le premier ministre chinois, Li Keqiang, qui a débuté sa première tournée à l'étranger par l'Inde, a promis de construire une «confiance mutuelle».

Son homologue, Manmohan Singh, a aussi jugé que de bonnes relations entre les deux pays les plus peuplés de la planète étaient primordiales pour accélérer le développement de la région.

«Ma visite a trois objectifs: la confiance mutuelle, une coopération renforcée et regarder vers l'avenir», a résumé Li Keqiang devant la presse.

Le chef du gouvernement de la deuxième économie mondiale est arrivé à New Delhi quelques semaines après un regain de tension frontalière entre les deux pays, les Indiens accusant l'armée chinoise d'avoir pénétré le 15 avril dernier de près de 20 km dans un territoire qu'ils revendiquent dans l'Himalaya.

La «ligne de contrôle actuelle» (LAC) entre les deux puissances nucléaires n'a jamais été formellement délimitée, même si New Delhi et Pékin ont signé des accords pour maintenir la paix dans cette région, qui fut le théâtre d'une guerre éclair en 1962.

M. Singh a salué une volonté commune de mettre fin à leur différend, précisant qu'un groupe de travail serait constitué pour un accord durable.

«Nous avons convenu que nos représentants spéciaux se rencontreront prochainement pour continuer les discussions visant à un accord rapide» pour une décision territoriale «juste, raisonnable et mutuellement acceptable», a-t-il déclaré. «La paix et la tranquillité à notre frontière doivent être préservées».

Le premier ministre chinois a de son côté affirmé que les deux hommes avaient «établi les principes pour résoudre le problème».

«Les deux pays pensent que nous avons besoin d'améliorer nos mécanismes frontaliers mis en place et les rendre plus efficaces», a-t-il indiqué.

«Les deux pays devraient continuer à faire avancer les négociations sur la question territoriale et maintenir ensemble la paix et la tranquillité dans la zone frontalière», a-t-il ajouté.

Li Kinqiang avait un peu plus tôt estimé que la coopération entre les deux pays avait des conséquences mondiales: «La paix mondiale (...) ne peut être une réalité sans une confiance stratégique entre l'Inde et la Chine».

Les problèmes frontaliers empoisonnent depuis des années leurs relations.

En octobre 1962, l'armée indienne mal équipée fut humiliée en quatre semaines de combats le long de la frontière himalayenne, obligée de battre en retraite devant l'invasion des troupes chinoises avançant jusqu'aux plaines de l'Assam.

La Chine s'est ensuite retirée jusqu'à la frontière actuelle, mais elle revendique toujours une grande partie de l'État indien de l'Arunachal Pradesh.

Depuis un quart de siècle, la question frontalière a fait l'objet de 14 cycles de négociations, en vain.

Li devait rencontrer le ministre des Affaires étrangères, Salman Khurshid, et de hauts responsables du principal parti d'opposition, le Bharatiya Janata Party. Il se rendra mardi à Bombay.

La visite de Li a également pour but de doper les échanges entre ces deux pays qui comptent à eux seuls pour plus d'un tiers de la population mondiale.

La Chine est devenue le deuxième partenaire commercial de l'Inde, avec des échanges estimés à 66,5 milliards de dollars l'an dernier, selon le vice-ministre chinois du Commerce Jiang Yaoping. Le but est de porter ce total  qà 100 milliards de dollars en 2015.

À titre de comparaison, les échanges entre la Chine et l'Union européenne se sont élevés l'an dernier à 546 milliards de dollars.