Un total de 58 personnes, toutes des musulmans de la minorité apatride des Rohingyas, ont disparu dans le naufrage de leur bateau au large de la Birmanie en tentant de se mettre à l'abri du cyclone Mahasen, a indiqué mardi soir la télévision d'État birmane.

Sept navires de déplacés ont quitté lundi vers 22 heures locales la ville de Pauktaw pour tenter de gagner une zone plus sûre, mais l'un d'entre eux «a heurté un rocher et a coulé», a-t-on précisé de même source en ajoutant que 42 personnes avaient survécu.

«Les opérations de secours se poursuivent», a ajouté la télévision.

Les victimes, qui comptent parmi les personnes déplacées en 2012 par des violences religieuses, tentaient de rejoindre «un autre camp avant l'arrivée du cyclone» a confirmé pour sa part à l'AFP Kirsten Mildren, du Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha).

Le cyclone Mahasen se trouvait mardi en fin de journée à environ 800 kilomètres de Sittwe, capitale de l'État Rakhine, selon le département de météorologie de Birmanie, avec des vents approchant les 100 km/h près de l'épicentre. Il devrait toucher les côtes d'ici jeudi soir.

Environ 140 000 personnes vivent dans des camps de fortune dans la région après des affrontements l'an passé entre bouddhistes de l'ethnie rakhine et Rohingyas qui avaient fait environ 200 morts.

Les autorités ont commencé à reloger ces déplacés, en majorité des Rohingyas, de crainte que leurs camps de fortune ne résistent pas aux intempéries. Les militaires qui étaient intervenus en 2012 en vertu de l'état d'urgence ont été réquisitionnés.

«De nombreux militaires sont déployés pour être prêts à porter assistance quand le cyclone frappera», a assuré Win Myaing, porte-parole du gouvernement rakhine. Mais de nombreux déplacés refusent de bouger sans savoir où ils seront installés, dans un climat de forte défiance.

«Il y a beaucoup de soldats avec leur écharpe rouge autour du cou pour nous aider. Mais nous (...) avons peur d'eux. Les gens craignent d'être arrêtés s'ils font quelque chose de mal», a expliqué un déplacé du camp de Mansi.

«La plupart des réfugiés ici ne veulent pas partir», a confirmé un résident du camp de Techaung, près de Sittwe. «Le nouvel endroit est encore plus près de la mer, donc nous sommes inquiets», a-t-il dit.

L'organisation Human Rights Watch (HRW) a récemment accusé la Birmanie de mener une campagne de nettoyage ethnique contre les quelque 800 000 Rohingyas de l'État Rakhine.

Mardi, l'organisation a dénoncé l'inaction du pouvoir à l'approche de la saison des pluies. «Si le gouvernement ne parvient pas à évacuer ceux qui sont en danger, les désastres qui en découleront ne seront pas naturels, mais provoqués par l'Homme», a estimé Brad Adams, directeur Asie de HRW dans un communiqué.

«Les autorités n'ont pas fait grand-chose pour nous malgré ce qu'ils disent», a affirmé à l'AFP Maung Maung, un déplacé rohingya. «Nous prions pour que le camp ne soit pas frappé par le cyclone. Nous avons déjà beaucoup souffert».

Les autorités du Bangladesh sont, elles aussi, en alerte au fur et mesure que le cyclone se rapproche, même si le lieu exact où il doit frapper les côtes est encore incertain. Dacca a élevé son niveau d'alerte lundi, mais aucun ordre d'évacuation n'a encore été donné.

Environ 30 millions de Bangladais, sur une population de 153 millions, vivent le long des côtes.

Le pays, dont une bonne partie du territoire se situe juste au niveau de la mer, est souvent victime de cyclones meurtriers.

En novembre 2007 notamment, Sidr avait fait 3300 morts, 800 disparus et 8,7 millions de sinistrés. En Birmanie, Nargis, qui s'était abattu en 2008 sur le delta de l'Irrawaddy, avait fait 138 000 morts et disparus.