Le Bangladesh était en grande partie paralysé mercredi par une grève de deux jours lancée à l'appel de l'opposition pour dénoncer le «massacre en masse» d'islamistes lors de la dispersion par la police d'une manifestation visant à réclamer une nouvelle loi antiblasphème.

Les écoles et commerces étaient fermés, les transports publics suspendus et les accès routiers habituellement embouteillés à Dacca et menant aux grandes villes étaient presque déserts. La sécurité a été renforcée dans la capitale, avec le déploiement de milliers de policiers.

Des manifestants ont lancé trois petites bombes artisanales dans un district de Dacca, Tejgaon, sans faire de blessés, a indiqué à l'AFP le chef de la police locale, Mohammad Moniruzzaman.

Le principal parti d'opposition, le Bangladesh Nationalist Party (BNP), et ses alliés islamistes affirment que des centaines de personnes ont été tuées lors de l'intervention de la police antiémeute lundi à l'aube pour disperser un rassemblement de dizaines de milliers d'islamistes dans le centre de Dacca.

Ils ont appelé à une grève nationale devant durer jusqu'à jeudi 18 h.

«Nous avons appelé à une grève de deux jours pour protester contre le massacre en masse de militants du Hefajat-e-Islam», organisation islamiste à l'origine de la manifestation ayant débuté dimanche, a déclaré mardi un porte-parole du BNP.

Selon un décompte de l'AFP sur la base d'informations policières et médicales, 38 personnes ont été tuées depuis dimanche après-midi, lorsque de premiers affrontements ont éclaté entre la police et les manifestants.

Selon le quotidien le plus influent du pays, Prothom Alo, au moins 49 personnes ont été tuées.

L'organisation Amnesty International a demandé l'ouverture d'une «enquête indépendante et impartiale sur le recours à la force de la police» après avoir décompté pour sa part 44 morts.

«Il y a une grande confusion sur ce qui s'est vraiment passé et sur ce qui a causé des morts», a affirmé Polly Truscott, directrice régionale pour Amnesty.

Les partisans du Hefajat-e-Islam manifestaient pour réclamer la peine de mort pour tous ceux qui «calomnient» l'islam.

Le premier ministre, Mme Sheikh Hasina, à la tête depuis 2009 d'un gouvernement laïque dans ce pays à majorité musulmane, a rejeté la demande des islamistes, faisant valoir que les lois actuelles permettaient déjà de poursuivre toute personne insultant l'Islam.