Des centaines de rescapés du pire accident industriel au Bangladesh bloquaient mardi un accès routier central pour réclamer arriérés de salaires et dédommagements tandis que le bilan de l'effondrement de l'immeuble textile dépassait désormais les 700 morts.

Cet immeuble, le Rana Plaza, situé dans la banlieue de Dacca, abritait cinq ateliers de confection. Lorsqu'il s'est effondré comme un château de cartes le 24 avril, plus de 3000 ouvriers étaient au travail alors que des fissures avaient été constatées la veille sur le bâtiment.

La plupart des ouvriers travaillant pour des marques occidentales d'habillement, telles que le britannique Primark et l'espagnol Mango, étaient payés moins de 39$ par mois, un niveau de rémunération dénoncé publiquement par le pape François.

Avec l'arrêt brutal de leur travail, les rescapés du drame demandent maintenant aux propriétaires des ateliers de confection de leur verser de l'argent, correspondant à la fois à leurs salaires et à des dommages et intérêts pour les blessures physiques subies lors de l'effondrement du Rana Plaza.

Selon la police, environ 400 survivants ont bloqué mardi un accès routier reliant Dacca au sud et sud-ouest du pays en organisant un sit-in.

Les ouvriers scandaient des slogans réclamant «les salaires impayés et des dédommagements», a indiqué à l'AFP un responsable de la police locale, M. Asaduzzaman.

Sur les lieux du drame, l'armée continuait de déblayer les tonnes de béton et de gravats, qui faisaient penser aux conséquences d'un puissant séisme.

Selon un membre de l'armée chargée de coordonner les secours, le capitaine Shahid Ahsan Bhuiyan, «le bilan s'élève désormais à 705 morts», après un précédent bilan de 654 morts fourni lundi.

Selon les autorités, 2437 personnes ont été secourues saines et sauves.

Un responsable de l'enquête a assuré que des vibrations dues notamment à de gros générateurs sont à l'origine de l'effondrement du Rana Plaza, qui était déjà très fragilisé selon des témoignages.

Une douzaine de personnes ont été arrêtée dans le cadre de l'enquête, dont le propriétaire de l'immeuble et les propriétaires des ateliers de confection.

Selon des responsables des secours, certains corps extraits des décombres n'avaient plus tous leurs membres, d'autres étaient retrouvés dans des états de décomposition avancés, rendant leur identification difficile.

Les autorités ont toutefois pu identifier certaines victimes grâce à leurs téléphones portables retrouvés dans leurs poches ou à leurs badges de travail.

L'odeur nauséabonde se dégageant des ruines obligeaient les secours à porter des masques et à utiliser des désodorisants.

Craignant que les marques occidentales se détournent de leurs fournisseurs bangladais, le gouvernement a annoncé lundi la mise en place d'une nouvelle commission d'enquête censée inspecter les milliers d'usines textiles à la recherche d'éventuels défauts de construction.

Le gouvernement avait fait une annonce similaire après un incendie dans une usine textile près de Dacca en novembre dernier, qui avait déjà fait 111 morts. Mais les inspections avaient été jugées nettement insuffisantes pour faire progresser les conditions de sécurité déplorables dans ce secteur industriel.

Le Bangladesh est le deuxième pays exportateur de textile au monde, après la Chine. Cette industrie représente plus de 40% de la main d'oeuvre du pays et 80% de ses exportations.