Le Sri Lanka a refusé l'entrée dans le pays du ministre suédois des Affaires étrangères, Carl Bildt, pour une visite mercredi avec ses homologues français et britannique, qui eux se rendront bien dans l'île, a annoncé mardi un responsable officiel.

«Nous avions d'abord invité le ministre français des Affaires étrangères (Bernard Kouchner). Alors, le ministre britannique des Affaires étrangères (David Miliband) a voulu se joindre à lui: nous avons dit "d'accord". Puis le ministre suédois a aussi voulu sauter dans le train: là, nous avons dit "non"», a déclaré à l'AFP un haut responsable de la diplomatie sri-lankaise.

Peu avant, Carl Bildt avait annoncé sur son «blog» (page internet, ndlr): «Nous avons été informés par Colombo que finalement on ne compte pas me recevoir dans le voyage commun que David Miliband, Bernard Kouchner et moi-même avons prévu et annoncé. Le message nous a été donné sans aucune explication».

Cela a été confirmé par le ministère suédois des Affaires étrangères.

La Suède fut un temps membre de la Mission de surveillance du cessez-le-feu scellé en février 2002 --sous l'égide de la Norvège-- entre les rebelles tamouls et le Sri Lanka et que Colombo a rompu en janvier 2008.

Pour justifier la décision de ne pas accueillir M. Bildt, le haut diplomate, parlant sous couvert de l'anonymat, a invoqué la défense de la souveraineté du Sri Lanka, un pays dirigé par un régime nationaliste.

«Nos ministres ne peuvent pas se rendre dans des capitales (étrangères) comme ça et n'ont même pas l'occasion de voir un sous-ministre. Mais certains de ces (ministres étrangers) pensent qu'ils peuvent atterrir dans notre aéroport et se voir dérouler le tapis rouge», a-t-il lancé.

«Nous ne sommes pas une colonie, ni un pays du Tiers Monde en banqueroute», a fustigé ce diplomate d'un pays qui fut colonie britannique de 1815 au 4 février 1948.

Et puis «nos principaux donateurs sont en Asie, pas en Europe!», a-t-il rappelé, alors que le Japon est le premier bailleur de fonds, loin devant les Etats-Unis, l'Union européenne et la Norvège.

La Chine prête aussi beaucoup d'argent à l'île d'Asie du Sud.

MM. Kouchner et Miliband pourront, eux, se rendre au Sri Lanka, a-t-il assuré, ce qu'ont confirmé Londres et une source diplomatique française.

Attendus mercredi matin, les deux hommes tenteront d'obtenir un «cessez-le-feu humanitaire» qui permettrait aux civils de quitter la zone des combats entre l'armée et les rebelles tamouls.