»Douch», l'ex-tortionnaire en chef des Khmers rouges, a déclaré mercredi, devant le tribunal qui le juge au Cambodge, qu'il était persuadé que Jésus Christ avait guidé les journalistes qui l'ont démasqué il y a une décennie alors qu'il se cachait.

«Douch», converti au christianisme trois ans avant son arrestation en 1999, a demandé pardon le mois dernier pour les crimes commis à la prison de Tuol Sleng (S-21) qu'il dirigeait et où 15.000 personnes ont été torturées et exécutées alors que les Khmers rouges --des communistes radicaux-- étaient au pouvoir à Phnom Penh de 1975 à 1979.

Assis mercredi dans le box des accusés, «Douch», 66 ans, dont le vrai nom est Kaing Guek Eav, s'est souvenu de l'interview qu'il avait accordée à deux journalistes --Nic Dunlop et Nate Thayer-- dans un hôtel de l'ouest du Cambodge en 1999.

«J'ai dit à Nic Dunlop "Le Christ vous a amenés à me rencontrer". Nic Dunlop a cité ces mots et ce sont les mots que j'ai prononcés. J'ai dit "Avant, je servais des humains mais, maintenant, je sers Dieu"», a déclaré «Douch».

L'accusé, qui est poursuivi pour crimes de guerre, crimes contre l'humanité, torture et meurtre avec préméditation, a expliqué au tribunal qu'il avait décidé d'admettre ses responsabilités après avoir entendu Pol Pot, le numéro un des Khmers rouges, affirmer que la prison de Tuol Sleng n'avait jamais existé. Pol Pot est décédé en 1998.

«Je n'ai pas supporté ce que Pol Pot a dit, c'est pourquoi j'étais obligé de montrer mon visage», a dit «Douch».

«Pour S-21, j'étais le président de ce bureau. Les crimes commis à S-21 étaient sous ma responsabilité», a-t-il ajouté.

L'accusé, ex-professeur de mathématiques devenu révolutionnaire zélé aux ordres du régime de Pol Pot, risque la prison à vie, la Cour à participation internationale qui le juge ayant exclu la peine de mort.