Mohamed ElBaradei, chef de l'agence atomique de l'ONU, a prôné le dialogue comme seule solution pour résoudre à la fois les dossiers du nucléaire iranien et nord-coréen, estimant que deux décennies de pressions sur Pyongyang n'avaient mené à rien.

A Pékin pour une conférence internationale, M. ElBaradei, chef de l'AIEA, l'Agence internationale pour l'énergie atomique, a jugé que, depuis 1992, les efforts internationaux pour convaincre Pyongyang d'abandonner ses ambitions nucléaires constituaient «une succession de revers».

«Nous avons évidemment fait beaucoup d'erreurs de gestion sur cette question et (...) les récents développements ont représenté un nouveau revers», a-t-il déclaré à la presse.

La semaine dernière, la Corée du Nord, mécontente d'un texte de l'ONU condamnant son tir de fusée du 5 avril, a annoncé son retrait des discussions internationales sur sa dénucléarisation et la reprise de ses activités nucléaires. Dans la foulée, les inspecteurs de l'AIEA ont quitté le pays.

Pour le directeur général de l'AIEA, le texte du Conseil de sécurité condamnant la Corée du Nord a été une mauvaise décision.

«Ce n'est pas en montrant ses muscles et en allant forcément au Conseil de sécurité qu'on résoudra ces questions, mais seulement en essayant de s'attaquer à la racine des problèmes et en s'engageant dans un dialogue direct», a-t-il dit.

Malgré tout, il s'est déclaré «optimiste sur l'approche» (des discussions à Six), réunissant la Chine, hôte des pourparlers et proche allié de Pyongyang, les deux Corées, les Etats-Unis, le Japon et la Russie.

«L'approche consiste à éviter la confrontation et à essayer de trouver un terrain d'entente pour travailler ensemble», a-t-il souligné.

«Nous allons peut-être traverser une période de confrontation (...), mais j'espère qu'elle sera courte et que les discussions à Six reprendront et que l'AIEA pourra retourner» en Corée du Nord, a dit M. ElBaradei.

Les pourparlers à Six avaient débuté après l'échec d'un accord datant de 1994 entre les Etats-Unis et la Corée du Nord, qui prévoyait déjà l'abandon du programme nucléaire en échange d'une aide énergétique et de la construction de deux réacteurs à eau légère.

Sur le dossier nucléaire iranien, M. ElBaradei a également prôné la même approche, mêlant dialogue, confiance et refus de la confrontation, voyant dans le changement de ton à Washington, après l'élection de Barack Obama, des raisons d'espérer.

«J'ai dit à mes collègues iraniens qu'il devait y avoir réciprocité et qu'ils devaient tendre la main et ce que nous avons entendu de l'Iran est également assez différent, il y a un ton beaucoup plus modéré», a-t-il dit.

«Je suis très optimiste sur cette approche tout à fait nouvelle et j'espère qu'elle marchera», a-t-il ajouté.

M. ElBaradei a suggéré à l'Iran des voies pour confirmer ces avancées, notamment la mise en place de mesures pour permettre les inspections demandées par l'AIEA.

«L'idée est avant tout de (nous) rendre confiants dans le fait que leurs buts sont exclusivement pacifiques», a-t-il insisté.

L'Iran a annoncé la semaine dernière qu'il présenterait une nouvelle offre censée concurrencer celle que lui ont faite les grandes puissances pour obtenir la suspension de son programme nucléaire controversé.

dma-frb/pt/fka