La crise politique thaïlandaise, qui dure depuis trois ans, est l'oeuvre de factions qui se définissent toutes par rapport à l'ex-Premier ministre en exil Thaksin Shinawatra.

 

THAKSIN SHINAWATRA (59 ans): ex-magnat des télécoms, élu en 2001, réélu en 2005, cet autodidacte originaire du nord, est adulé par les pauvres mais exécré par les élites de Bangkok. L'armée l'a renversé en 2006. Il vit en exil pour échapper à une condamnation et diverses enquêtes anticorruption dans son pays.

 

ABHISIT VEJJAJIVA (44 ans): le Premier ministre est arrivé au pouvoir en décembre à la faveur d'un renversement d'alliance parlementaire. Soutenu par l'armée, il dirige le Parti démocrate qui dominait la scène politique avant l'ascension de Thaksin. Il s'appuie pour gouverner sur une fragile coalition comprenant d'ex-lieutenants de Thaksin ayant fait défection.

 

CHEMISES ROUGES: les militants pro-Thaksin du «Front uni pour la démocratie et contre la dictature», à l'origine des manifestations antigouvernementales actuelles. Leur mouvement a été créé en 2008 pour contrer les «chemises jaunes» (militants royalistes hostiles à Thaksin).

Ils exigent la démission d'Abhisit --qu'ils accusent d'être un pantin à la solde de l'armée et de certains conseillers du roi-- et des élections anticipées. Leur base est composée des plus démunis, notamment de paysans.

 

CHEMISES JAUNES: les militants de «l'Alliance du peuple pour la démocratie» (PAD), fondée en 2005 pour s'opposer à Thaksin. Ce mouvement, qui se réclame du roi Bhumibol Adulyadej (81 ans), est soutenu par les élites de Bangkok.

Les manifestations des «jaunes» avaient contribué à la chute de Thaksin en 2006. Mais, après 15 mois de gouvernement militaire, la PAD avait vu avec effroi des alliés de Thaksin revenir au pouvoir à la faveur d'élections.

Ils ont entamé une campagne de manifestations, qui s'est traduite par le blocus pendant huit jours des aéroports de Bangkok, et s'est achevée avec le départ du pouvoir des alliés de Thaksin en décembre 2008.

 

CHEMISES BLEUES: obscure milice pro-gouvernementale liée au fils du président du Parlement, Newin Chidchob, ex-allié de Thaksin dont la défection en décembre a permis à Abhisit de former son gouvernement.

Le mouvement est apparu en mars quand il a protégé l'aéroport de Bangkok contre une possible prise d'assaut par les «chemises rouges».

 

L'ARMEE: les militaires évoluent toujours en coulisse de la scène politique thaïlandaise, théâtre de 18 coups d'Etat depuis que le pays est devenu une monarchie constitutionnelle en 1932.

Le ressentiment populaire contre l'armée a atteint son pic en 1992, lors de la répression sanglante de manifestations contre un gouvernement militaire.

Après avoir renversé Thaksin en 2006, l'armée est restée au pouvoir pendant 15 mois et s'est «excusée» en partant. Depuis, jusqu'aux violents heurts de lundi, elle était restée passive face aux «chemises jaunes» en 2008.

 

LE ROI: immensément respecté par son peuple, le roi Bhumibol a vu défiler plus de 25 Premiers ministres et 18 Constitutions depuis son accession au trône en 1946. Il évite généralement de se prononcer en temps de crise, sauf en 1992.