Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné lundi le tir de fusée balistique effectué récemment par la Corée du Nord et renforcé le régime de sanctions mis en place à son encontre en 2006, dans une déclaration toutefois non contraignante.

Ce texte, fruit d'un compromis entre ses cinq membres permanents (Chine, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Russie) et le Japon, «condamne le tir effectué le 5 avril» par la Corée du Nord.

Le Conseil affirme que ce lancement «contrevient à sa résolution 1718» d'octobre 2006, qui interdit à Pyongyang tout essai nucléaire ou tir de missile.

Il «exige» que la Corée du Nord «s'abstienne de tout nouveau tir».

Il décide «d'ajuster» certaines mesures contenues dans la 1718 qui établissaient un régime de sanctions à l'égard de la Corée du Nord après qu'elle eut procédé à une série de tirs de missiles, puis à un essai nucléaire.

Selon les diplomates, cela signifie que le Conseil désignera avant fin avril des entreprises nord-coréennes qui tomberont sous le coup d'un gel de leurs avoirs financiers à l'étranger.

Le principe d'un tel dispositif est contenu dans la 1718, y compris la création d'un comité du Conseil de sécurité pour appliquer et superviser les sanctions. Mais ce comité n'avait jamais été activé, pour ne pas compromettre les pourparlers à six sur la dénucléarisation de la péninsule coréenne.

«Nous avons donné un tour de vis au système de sanctions», a commenté l'ambassadeur britannique, John Sawers.

La déclaration adoptée lundi demande par ailleurs que les pourparlers à six entre les deux Corées, la Chine, les Etats-Unis, le Japon et la Russie, «reprennent rapidement».

Son adoption a nécessité l'unanimité des quinze membres du Conseil mais elle n'a pas le caractère légalement contraignant d'une résolution. Le compromis entre les cinq permanents et le Japon avait été obtenu samedi, après une semaine de négociations.

Aussitôt après le tir nord-coréen, des divergences était apparues au Conseil. Les Etats-Unis, les Européens et le Japon avaient préconisé une condamnation ferme du tir. Le Japon, dont la fusée nord-coréenne a survolé le territoire, souhaitait une résolution.

Mais la Chine et la Russie s'étaient montrées réticentes, Pyongyang ayant affirmé que l'engin n'avait mis en orbite qu'un satellite de communications.

Pékin avait souligné le droit de tout pays à l'utilisation pacifique de l'espace, les Occidentaux rétorquant que la technologie est la même, qu'on mette en orbite un satellite, un missile «ou un ours en peluche», selon le mot d'un diplomate.

Pékin et Moscou s'étaient également dits soucieux d'éviter une réaction trop dure à l'égard de Pyongyang, afin de sauvegarder les pourparlers à six. La Corée du Nord a annoncé qu'elle «réagirait fermement» en cas de condamnation à l'ONU.

Les diplomates, ainsi que le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, se sont félicités de l'unité manifestée par le Conseil.

L'adoption du texte «adresse un message d'unité de la communauté internationale au sujet du tir» nord-coréen, a déclaré le service de presse de M. Ban.

L'ambassadrice américaine, Susan Rice, s'est dite satisfaite d'une «déclaration forte et unanime, qui condamne le tir clairement et sans équivoque».

L'ambassadeur de Russie, Vitaly Tchourkine, a crédité les Etats-Unis et la Chine pour le consensus, affirmant que leurs efforts avaient permis de trouver «un texte de compromis» auquel les autres se sont ralliés.

Son homologue japonais, Yukio Takasu, a également loué Pékin, affirmant que la délégation chinoise «avait été très souple tout au long des négociations.»