Le Premier ministre maoïste du Népal a menacé lundi de démissionner en dénonçant une stratégie de blocage de l'opposition, ce qui provoquerait une crise politique majeure dans cet ancien royaume transformé il y a six mois en République.

«Cela ne sert à rien de rester au gouvernement si, privés de soutien, nous ne parvenons pas à travailler conformément aux aspirations du peuple», a déclaré à la presse le Premier ministre Pushpa Kamal Dahal, plus connu sous le nom de Prachanda, alias «le Redoutable».Son porte-parole Krishna Bahadur Mahara a explicitement visé le vieux parti du Congrès népalais (centre droit, opposition) qui «s'oppose à tout ce que nous faisons ou tentons de faire».

«Nous essayons de travailler avec eux et de faire des efforts de notre côté, mais si le Congrès n'est pas coopératif, le blocage va empirer», a-t-il averti.

Le Népal est dirigé depuis fin août par un gouvernement de coalition conduit par Prachanda, l'ancien chef de la rébellion maoïste devenu Premier ministre.

Ce pays himalayen enclavé entre l'Inde et la Chine a aboli le 28 mai sa monarchie hindouiste vieille de 240 ans pour proclamer la République et a chassé de son palais le roi Gyanendra Shah, un mois après la victoire surprise et triomphale des maoïstes à l'élection d'une assemblée constituante, renvoyant du même coup le parti du Congrès dans l'opposition.

Au printemps 2006, toute la classe politique s'était alliée aux maoïstes dans des manifestations démocratiques contre le monarque et avaient scellé le 21 novembre de cette année-là un accord de paix historique mettant fin à dix ans de guerre civile, au prix de 13.000 morts et d'une économie à genoux.

Corollaire de ce règlement, 19.000 anciens combattants maoïstes --parmi lesquels 2.975 mineurs-- ont été désarmés, cantonnés et placés sous le contrôle de l'ONU. Les ex-insurgés adultes doivent être intégrés à l'armée nationale et les quelque 3.000 enfants soldats enrôlés dans la guérilla d'extrême gauche devraient être démobilisés.

Outre ce volet militaire, les maoïstes veulent aussi lancer une vaste réforme agraire censée redistribuer des terres aux mains de grands propriétaires fonciers.