Le trafic aérien a commencé à reprendre mercredi à Bangkok où des centaines d'opposants ont levé le blocus qu'ils maintenaient depuis huit jours sur les aéroports civils de la capitale thaïlandaise, au lendemain du départ forcé du Premier ministre Somchai Wongsawat.

Les protestataires ont quitté dans la matinée l'aéroport international Suvarnabhumi qui assurait 700 vols quotidiens avant la crise.

Le siège de l'aéroport Don Mueang (vols intérieurs) a également été levé.

Un premier vol commercial à destination de Sydney a décollé depuis Suvarnabhumi. L'appareil de la Thai Airways a décollé à 6 h 45 HNE avec 388 passagers à bord, des Australiens pour la plupart, qui avaient été piégés par le blocus aérien, selon des responsables aéroportuaires.

Cinq autres vols devaient décoller entre mercredi soir et jeudi matin à destination de New Delhi, Narita, Francfort, Séoul et Copenhague, selon la Thai Airways.

Par ailleurs, un Boeing 747, affrété par le gouvernement français et transportant plus de 500 personnes bloquées en Thaïlande, a quitté mercredi à 23 h 46 HNE un aéroport militaire près de Bangkok pour retourner à Paris, selon l'ambassadeur de France, Laurent Bili.

Les opposants de «l'Alliance du peuple pour la démocratie» (PAD) avaient annoncé mardi la fin de leurs actions, après un verdict fracassant de la Cour constitutionnelle ordonnant la dissolution du parti au pouvoir et l'exclusion de M. Somchai de la scène politique.

«Nous reviendrons lorsque la nation aura besoin de nous», a prévenu un animateur de la PAD, Somkiat Pongpaibul, avant de quitter mercredi Suvarnabhumi.

La plupart des étrangers en souffrance avaient tenté jusqu'à mardi de quitter la Thaïlande depuis les aéroports secondaires de Phuket (sud), Chiang Mai (nord) et la base navale d'U-Tapao (190 kilomètres au sud-est de Bangkok).

«J'étais en colère. J'ai raté mon vol pour Sydney hier (mardi) et je suis contente que tout cela soit terminé», s'est félicitée une touriste italienne, Susanna Cary.

La paralysie du trafic aérien à Bangkok avait piégé en Thaïlande quelque 350.000 personnes, dont de nombreux touristes étrangers, selon le ministère du Tourisme.

Les conséquences sont d'ores et déjà désastreuses en terme d'image pour la Thaïlande qui a fait du tourisme un pilier de son économie.

Les pertes se chiffrent en milliards de dollars. La Thai Airways a estimé mercredi les siennes à 560 millions.

«Il est clair que le coût économique pour la Thaïlande, avec la quatrième plateforme aérienne d'Asie-Pacifique prise en otage pendant plus d'une semaine, est totalement déraisonnable. Il ne faudrait pas qu'une telle erreur soit répétée», a averti l'ambassadeur de France.

L'interminable crise politique thaïlandaise, ponctuée de violences, a connu un coup de théâtre mardi soir lorsque les manifestants royalistes de la PAD ont annoncé la fin de leur blocus.

Il ont pris cette décision après que la Cour constitutionnelle a ordonné la dissolution du parti au pouvoir et exclu M. Somchai de la vie publique pendant cinq ans dans le cadre d'une affaire de fraude électorale.

Le blocus des aéroports a certes été levé, mais la crise politique semble loin d'être réglée alors que le camp gouvernemental, perdant cette semaine, pourrait être en mesure de faire élire un successeur à M. Somchai dès la semaine prochaine au Parlement.

Selon le Premier ministre par intérim Chavarat Charnvirakul, l'élection se tiendra certainement lundi ou mardi.

Le camp royaliste a déjà prévenu qu'il s'opposerait à la nomination d'un proche de M. Somchai et de son mentor, Thaksin Shinawatra, l'ex-Premier ministre thaïlandais actuellement en exil et condamné dans son pays pour corruption.

Renversé par l'armée en 2006, M. Thaksin, dont M. Somchai est le beau-frère, reste très populaire parmi les populations rurales du nord et du nord-est, alors qu'honni par l'aristocratie et une bonne partie de la classe moyenne de Bangkok et du sud.

Le très respecté roi Bhumibol Adulyadej, qui fêtera ses 81 ans vendredi, doit en principe s'adresser à la nation jeudi soir à l'occasion de cet anniversaire.