En lançant avec succès un vaisseau spatial non habité vers la lune, l'Inde est entrée de plain-pied dans le club sélect de pays capables d'explorer le satellite naturel de notre planète.

Propulsée par une roquette indienne PSLV-11, la sonde Chandrayaan-1 a décollé du Centre spatial Satish-Dhawan sur l'île de Sriharikota, au large de Chennai, peu après 6h21 locales, mercredi matin.

 

Entre la base de lancement et les centres de contrôle au Kerala et Karnataka, le millier d'astronauticiens du pays se sont félicités vivement, vite rejoints par les dirigeants politiques et les médias.

«Notre bébé est en route vers la lune!» a lancé Mylswamy Annadurai, chef de la mission. «C'est une mission internationale, avec l'Inde comme capitaine», a-t-il dit, soulignant la participation de plusieurs pays au menu de recherches.

Cartographie de la lune

L'objectif de Chandrayaan-1, qui dans 16 jours s'installera pour deux ans en orbite autour de la lune, à une altitude de 100 km seulement, est d'en dresser pour la première fois une cartographie complète du relief et du sous-sol.

Cinq des 11 programmes scientifiques de la mission s'effectueront pour le compte des États-Unis, de la Grande-Bretagne, d'Allemagne, de la Suède et de la Bulgarie.

En forme de cube faisant 1,5 m de chaque côté et pesant 523 Kg, Chandrayaan-1 transporte une sonde lunaire qui sera larguée sur la surface du satellite pour d'autres recherches - et pour y déployer le drapeau de l'Inde.

«L'Inde a rejoint un club très restreint et notre communauté scientifique a rendu la nation fière», a déclaré le premier ministre Manmohan Singh.

Après une «course à la lune» restreinte aux États-Unis et à l'ex-URSS pendant longtemps, l'Agence spatiale européenne, le Japon et la Chine ont réalisé leurs propres missions lunaires, suivis maintenant de l'Inde.

Si tout va bien, Chandrayaan-1 (véhicule lunaire, en hindi) rejoindra le vaisseau japonais Kaguya et le vaisseau chinois Chang'e-1 en orbite autour de la lune. La NASA mettra son propre vaisseau lunaire en orbite en février.

Au service du développement

Des analystes évoquent une nouvelle rivalité entre l'Inde et la Chine, cette fois dans l'espace. Ils s'interrogent aussi sur les dépenses spatiales d'un pays de 1,2 milliard où la moitié de la population vivote dans la misère.

Madhavan Naïr, patron de l'Agence spatiale indienne (ISRO) créée il y a 39 ans, a parlé de l'utilisation de l'industrie spatiale pour le développement de ce pays ( l'éducation et soins médicaux à distance surtout ) où plus de 60% de la population vit dans des villages éloignés les uns des autres.

L'ISRO alloue 85% de son budget de 1 millard$ au développement et seulement 15% à la recherche et aux missions comme Chandrayaan, a-t-il dit.

Par contre, la NASA a un budget de 17 milliards$. Chandrayaan-1 a coûté 79 millions$, plusieurs fois moins que cela aurait coûté à la NASA.

Félicitations d'Obama

Saluant l'exploit indien, et de la Chine, Barack Obama, candidat démocrate à la Maison-Blanche, a souligné l'urgence pour les États-Unis de «revitaliser (leur) programme spatial» pour rester le chef de file dans ce domaine.

Avec AFP, AP, Reuters, PTI, The Hindu, Indian Express, CNN et BBC