Des échanges de tirs entre soldats thaïlandais et cambodgiens ont fait au moins deux morts et sept blessés mercredi dans la région du temple sacré de Preah Vihear, au coeur d'un vif contentieux entre Bangkok et Phnom Penh.

Une réunion de responsables des armées thaïlandaise et cambodgienne se déroulera jeudi à 11H00 (04H00 GMT) en Thaïlande pour discuter des effectifs militaires et des armements, ont annoncé les deux parties, sans autres précisions.

Le ministre cambodgien des Affaires étrangères Hor Namhong a déclaré que «l'affrontement armé avait fait deux morts et deux blessés côté cambodgien».

Un haut responsable militaire thaïlandais, le général Wiboonsak Neeparn, a indiqué que cinq soldats thaïlandais avaient été blessés dans ces incidents qui ont duré au total un peu plus de deux heures, selon le général de brigade cambodgien Hom Sam Ol.

Des échanges de tirs s'étaient déjà produits début octobre dans le secteur, faisant trois blessés.

Les accrochages de mercredi ont éclaté dans plusieurs endroits d'une zone disputée à quelques kilomètres du temple majestueux de Preah Vihear, inscrit en juillet au patrimoine mondial de l'Unesco.

Les ruines de ce temple, situé sur un promontoire, relèvent de la souveraineté du Cambodge, résulte-t-il d'une décision de la Cour internationale de justice de La Haye en 1962.

Mais une zone de 4,6 km2 en contrebas continue de faire l'objet d'un grave différend entre Bangkok et Phnom Penh. Les Thaïlandais contrôlent les principaux accès à Preah Vihear.

De nombreux secteurs n'ont pas été délimités depuis des décennies à la frontière Cambodge-Thaïlande.

La Thaïlande, autrefois appelée royaume du Siam, avait négocié toute sa frontière occidentale avec la France qui contrôlait une Indochine englobant le Cambodge et un traité avait été signé en 1907. Les Français avaient alors placé la frontière sur une ligne de partage des eaux.

Bangkok et Phnom Penh se sont rejeté la responsabilité des échanges de tirs de mercredi.

«Des soldats thaïlandais sont entrés dans notre territoire», a déclaré le général de brigade cambodgien Bun Thean, en accusant les troupes thaïlandaises d'avoir tiré les premières.

De son côté, le Premier ministre thaïlandais Somchai Wongsawat, déjà aux prises à une grave crise politique dans son pays, a vite fait état d'un «retour à la normale» à la frontière, tout en soulignant que Bangkok allait protester auprès de Phnom Penh.

«Nous ne sommes pas ceux qui ont provoqué la violence», a dit M. Somchai.

Le chef de la diplomatie thaïlandaise, Sompong Amornviwat, a indiqué à l'AFP qu'il se tenait prêt, le cas échéant, à ordonner l'évacuation de tous les Thaïlandais installés au Cambodge.

Un responsable militaire cambodgien a déclaré que dix soldats thaïlandais déployés dans la zone disputée près de Preah Vihear s'étaient rendus, affirmation démentie par le général Wiboonsak Neeparn.

Les deux pays ont refusé de communiquer les effectifs des renforts dépêchés à la frontière.

Mais une chaîne de télévision thaïlandaise a diffusé des images montrant des camions thaïlandais transportant des chars vers des zones de tensions, pendant que des militaires installaient des mortiers.

Le Cambodge avait mis en garde ces derniers jours la Thaïlande contre les risques d'un «conflit armé de grande envergure» et le Premier ministre Hun Sen avait exigé que la Thaïlande retire avant mardi quelque 80 soldats qui avaient pénétré selon lui dans un secteur contesté la veille.

Depuis trois mois, les tensions sont vives dans la région de Preah Vihear. Des nationalistes thaïlandais, qui revendiquent la propriété de ce site, ont exprimé leur colère après son inscription au patrimoine mondial de l'Unesco.

Des troupes thaïlandaises avaient pénétré dans la zone contestée de 4,6 km2 après l'arrestation par le Cambodge de trois manifestants nationalistes thaïlandais le 15 juillet. Phnom Penh avait alors mobilisé des troupes.

Mais, en août, les deux pays avaient apaisé les tensions et un millier de soldats cambodgiens et thaïlandais s'étaient retirés, ne laissant que quelques dizaines de militaires dans la zone.