(Bogotá) Le président colombien Gustavo Petro a appelé mercredi le parlement à approuver ses réformes de gauche, dans un discours prononcé devant des milliers de manifestants descendus dans les rues soutenir son gouvernement en pleine tourmente politique.

« Petro, mon ami, le peuple est avec toi ! » : en chansons et en banderoles, des milliers de sympathisants et partisans du chef de l’État ont défilé à Bogota et dans les autres grandes villes du pays.

Dans la capitale, le premier président de gauche de l’histoire de la Colombie, élu à l’été 2022, a rejoint les manifestants dans le centre-ville où il a pris la parole, aux côtés de son épouse, l’une de ses filles, et de la vice-présidente Francia Marquez.

Aux membres du parlement, « nous vous demandons avec tout le respect que nous vous devons […] que vous approuviez les réformes qui garantissent les droits du peuple colombien […] les réformes que le peuple a approuvées dans les urnes lors de la présidentielle », a plaidé, protégé par de nombreux gardes du corps, M. Petro, micro en main devant la foule.

Déjà en difficulté politique du fait de l’éclatement de sa coalition au parlement avec le centre et les libéraux, le président Petro est confronté depuis dix jours à un scandale politique à tiroirs, avec chantage, dollars envolés, détecteur de mensonge, écoutes téléphoniques et enregistrements à sensation.

L’affaire, révélée par un hebdomadaire d’opposition, a abouti à l’éviction de deux des plus proches collaborateurs du chef de l’État, puis à sa mise en cause dans un présumé financement illégal de sa campagne électorale.

« Ce gouvernement n’écoute les téléphones ou les communications de personne. Avec la même certitude, je peux vous dire que pas un seul peso illégal n’a été utilisé pour ma campagne », a martelé M. Petro, qui a fustigé un « coup d’État en douceur […] contre la volonté du peuple ».

« Ils peuvent perquisitionner le palais, l’armée, la police actuelle, ils ne trouveront pas une seule preuve que nous sommes un gouvernement qui viole les droits », s’est-il défendu.  

Plusieurs des réformes promises par M. Petro ont été recalées ou édulcorées par le parlement ces derniers mois, en particulier une emblématique réforme du système de santé qui n’a toujours pas abouti. Le président a depuis remanié son gouvernement autour de ses fidèles et promet de nouvelles réformes sur l’éducation et les services publics.

« Certains n’ont pas encore compris ce qu’il s’est passé électoralement l’an dernier », a encore lancé M. Petro, promettant de continuer à « mettre en œuvre le programme de gouvernement pour lequel le peuple a voté ».