(Bogota) Des enquêteurs du parquet ont inspecté mardi le palais présidentiel à Bogota, en Colombie, après des accusations de maltraitance dirigées contre la puissante directrice de cabinet du président Gustavo Petro, ont rapporté les médias nationaux.

Gilets et casquettes bleu marine, sept agents du parquet ont pénétré dans l’après-midi au sein de la Casa Narino (présidence) pour y mener leurs investigations, selon des images diffusées par ces médias.

Ils devaient visiter une salle d’une annexe de la présidence où une employée de maison de la directrice du cabinet présidentiel Laura Sarabia aurait été soumise à un détecteur de mensonges.

Au cours de cette mission de « collecte d’informations », les fonctionnaires devaient également vérifier des caméras de surveillance, le protocole d’accès au bâtiment ainsi que la liste des personnes affectées au transport et à la sécurité de la directrice de cabinet, indique un communiqué du Procureur général.

Préalablement à la visite, le président Petro s’est fendu d’un tweet ironique, souhaitant la bienvenue aux agents du parquet et affirmant n’avoir « rien à cacher ».

L’affaire a éclaté ce week-end, avec la publication par l’hebdomadaire conservateur Semana d’une interview de l’ex-nourrice employée par Mme Sarabia.

Marelbys Meza accuse son ancienne employeuse de l’avoir soumise à un interrogatoire musclé, au détecteur de mensonges, dans l’enceinte de la présidence, après le vol au domicile de sa patronne d’une valise contenant près de 7000 dollars.

Mme Meza a raconté avoir a passé quatre heures, retenue dans un « sous-sol » d’une annexe présidentielle, interrogée et intimidée par des fonctionnaires. « Je me suis sentie emprisonnée, séquestrée, acculée, submergée par tout ce qu’on me disait là-bas », a-t-elle affirmé.

Cette dénonciation a déclenché l’ire du camp présidentiel, M. Petro fustigeant, toujours sur Twitter, « une journée pleine de mensonges ».  

À la suite de ces révélations, le procureur général Francisco Barbosa, à couteaux tirés depuis des mois avec le président Petro, a annoncé l’ouverture d’une enquête préliminaire.

Pour le moment, aucune poursuite n’a été engagée, mais Mme Meza a porté plainte et s’est vu accorder des mesures de protection par le parquet.  

« La seule entité habilitée à enquêter sur des actes criminels en Colombie est le bureau du procureur général », a souligné le procureur Barbosa au micro d’une radio nationale, critiquant l’usage du détecteur de mensonges par des agents de la présidence.   

À 28 ans, Laura Sarabia est régulièrement qualifiée de bras droit du président et de femme la plus puissante du gouvernement.

Mme Sarabia assure que l’ex-nourrice de son fils avait accepté de se soumettre au procédé. « Je ne l’ai jamais obligée, je ne lui ai jamais mis la pression, je n’ai jamais utilisé mon pouvoir », a-t-elle affirmé.  

Les 7000 dollars envolés, selon Mme Sarabia, correspondent « au paiement de frais de voyages officiels réalisés entre août 2022 et janvier 2023 ».

Le détecteur de mensonges, également appelé polygraphe, est toujours utilisé dans certains pays, notamment aux États-Unis, au Canada, en Inde et au Japon. Sa fiabilité est régulièrement remise en question, mais il continue d’être utilisé par certains services de renseignements notamment.