(Mexico) Les forces armées du Mexique dissimulent délibérément des informations sur la disparition de 43 étudiants mexicains en 2014, a dénoncé vendredi un groupe d’experts indépendants qui affirme disposer de preuves à l’appui.

« Nous avons vu des documents, eu accès à des documents, sur une décision interne de ne pas fournir plus d’informations », a déclaré en conférence de presse Carlos Beristain, membre du Groupe interdisciplinaire d’experts indépendants (GIEI) chargé de l’affaire.

Dans la nuit du 26 au 27 septembre 2014, 43 étudiants d’une école normale d’Ayotzinapa, dans l’État de Guerrero (sud), ont disparu à Iguala. Ils avaient tenté d’y « réquisitionner » des bus pour aller manifester à Mexico.

Selon la version officielle, les jeunes ont été arrêtés par la police locale de mèche avec le gang Guerreros Unidos, tués par balles et brûlés dans une décharge pour des raisons qui restent obscures. Seules trois victimes ont été identifiées.  

M. Beristain a affirmé qu’un document de l’état-major du secrétariat à la Défense du Mexique avait donné comme instruction de « fournir une réponse concertée entre les différents secteurs de l’institution ».

Selon lui, des témoins ont expliqué que des documents des renseignements avaient été déplacés dans d’autres lieux afin de les cacher, et ces témoins en ont informé le président, Andres Manuel Lopez Obrador.

Le dirigeant « a sollicité directement un rapport sur la question », a dit l’avocate colombienne Angela Buitrago, aussi membre du groupe d’experts.

Mme Buitrago a ajouté que M. Lopez Obrador recevrait, à cet effet, des représentants des forces armées la semaine prochaine.  

Elle a également précisé que le GIEI, organe créé en 2015 par un accord entre le gouvernement mexicain et la Commission interaméricaine des droits de l’Homme (CIDH), avait « reconduit » des éléments d’enquête pour que le parquet puisse « réactiver » des mandats d’arrêt contre une vingtaine de militaires impliqués.  

Ces ordres ont été annulés en septembre.  

Et parmi ceux émis en août à l’encontre de 83 suspects, plusieurs restent en attente, notamment quand ils visent des fonctionnaires en poste, a rappelé Mme Buitrago.  

Le 22 mars, les autorités mexicaines ont annoncé l’arrestation de neuf policiers de Guerrero suspectés d’avoir participé au crime. En janvier, les États-Unis ont extradé un ancien policier également impliqué.  

À ce jour, le plus haut dignitaire arrêté dans cette affaire est l’ex-procureur Jesus Murillo Karam, auteur de la version officielle selon laquelle les militaires ne sont pas responsables.