(Lima) Amnistie internationale a présenté mercredi à la présidente du Pérou, Dina Boluarte, des « preuves » d’exactions des forces de l’ordre qui ont tiré et « à plusieurs reprises » tué des manifestants.

« Nous avons présenté les preuves que nous avons réunies selon lesquelles les forces de l’ordre ont fait un usage de la force excessif, disproportionné et à plusieurs reprises létal, utilisant leurs armes contre des personnes qui protestaient », a déclaré Erika Guevara, directrice des Amériques chez Amnistie, à l’issue de sa rencontre avec la présidente Boluarte.

« La présidente Boluarte a assuré n’avoir à aucun moment donné l’ordre d’utiliser des armes létales pour contrôler les manifestants », selon Erika Guevara.

Des preuves ont pu être réunies sur 46 cas de violations des droits de la personne, selon Amnistie qui a recueilli des témoignages de victimes de la répression et de leurs familles à Lima (centre), Ayacucho, Andahuaylas et Puno (sud-est) et s’est basée également sur les preuves réunies par les autorités péruviennes.

Une enquête a été ouverte pour savoir si les forces de sécurité ont tué des manifestants lors de la répression de manifestations antigouvernementales le 15 décembre, avait annoncé lundi le bureau du procureur du Pérou, après des informations d’un média local selon lequel plusieurs personnes ont été abattues par des soldats.

L’enquête, menée par un service du parquet spécialisé dans les droits de l’homme du département d’Ayacucho (sud), vise le personnel de la police et de l’armée.

Selon le bureau de l’Ombudsman péruvien, au moins huit personnes, dont un mineur, ont été tuées à Ayacucho lors d’affrontements avec les forces de sécurité le 15 décembre alors qu’elles manifestaient pour la démission de la présidente Dina Boluarte.

Un rapport du site d’informations péruvien IDL-Reporteros montre que les militaires, armés de fusils d’assaut Galil, ont tiré et tué six manifestants non armés, alors qu’ils avaient déjà été expulsés de l’aéroport.

Les manifestations au Pérou, qui ont débuté le 7 décembre après la destitution et l’arrestation du président de gauche Pedro Castillo, ont fait 48 morts, dont un policier.

Les manifestants demandent la dissolution du Congrès, une nouvelle constitution et la démission de Dina Boluarte, qui en tant que vice-présidente a pris les rênes après l’arrestation de M. Castillo.

Après un pic de mobilisations à la mi-janvier, la clameur de la rue s’est apaisée la semaine dernière, avec moins de manifestations et moins de routes bloquées par les protestataires.