(Brasilia) L’ancien dirigeant brésilien Jair Bolsonaro a demandé à la justice électorale de ne pas tenir compte, dans son enquête sur la campagne présidentielle d’octobre, du projet de décret qui aurait pu permettre l’annulation du scrutin retrouvé au domicile d’un ancien ministre.

Le document daté de 2022 « n’a jamais été publié et n’allait pas l’être », assure la défense de l’ancien président d’extrême droite dans une réponse envoyée jeudi à la justice électorale.  

Elle fait valoir que le document « est apocryphe, n’a jamais quitté la résidence privée de tiers, n’a pas été publié ou rendu public […] n’a jamais dépassé le stade de la cogitation ».   

Le Tribunal suprême électoral enquête pour savoir si l’ancien président s’est livré à un abus de pouvoir pendant la campagne présidentielle d’octobre.  

Il avait donné à M. Bolsonaro trois jours pour s’expliquer sur le document que la police a trouvé chez son ancien ministre de la Justice, Anderson Torres.

PHOTO ERALDO PERES, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

L’ex-ministre de la Justice, Anderson Torres

Jair Bolsonaro n’a jamais digéré sa défaite électorale, après avoir été battu sur le fil par le nouveau président socialiste Luiz Inacio Lula da Silva.

Le document prévoyait que le gouvernement fédéral prenne le contrôle du Tribunal supérieur électoral (TSE), qui veille à la bonne marche du scrutin, « pour assurer la préservation et le rétablissement de la transparence, et approuver la régularité du processus électoral de la présidentielle de 2022 ».

Une mesure considérée comme anticonstitutionnelle par de nombreux juristes. Dans la pratique, l’intention aurait été d’annuler l’élection de Lula.

Le document n’est pas daté, mais le nom de Jair Bolsonaro se trouve en bas de page, sur un espace prévu pour sa signature.

Il a été retrouvé au domicile d’Anderson Torres, qui a été arrêté et fait l’objet d’une enquête pour son lien présumé avec la tentative d’insurrection du 8 janvier à Brasilia, par des partisans radicaux de l’ancien président.

L’actuel ministre de la Justice, Flavio Dino, a estimé la semaine dernière que le projet de décret présidentiel était « un maillon de la chaîne en vue d’un coup d’État » et qu’il montrait « le véritable objectif des évènements du 8 janvier ».  

Jair Bolsonaro, qui se trouve aux États-Unis depuis le 30 décembre, soit deux jours avant la fin de son mandat, fait également l’objet d’une enquête pour les émeutes à Brasilia, dont il nie toute implication.