(Caracas) Le président colombien Gustavo Petro a plaidé pour une réintégration du Venezuela dans des organisations régionales lors de sa première rencontre, en tant que chef d’État, avec son homologue vénézuélien Nicolas Madudo, mardi à Caracas.

« Nous voulons inviter le Chili, l’Équateur, la Bolivie et le Pérou à accepter la réintégration du Venezuela dans la Communauté andine (CAN) en tant que membre à part entière, avec tous ses droits et devoirs », a déclaré le dirigeant colombien au palais présidentiel de Miraflores, avec M. Maduro à ses côtés.

« Bonne nouvelle pour l’Amérique du Sud, bonne nouvelle pour la CAN ! », s’est félicité Nicolas Maduro.

Le premier président de gauche de Colombie a également demandé que le Venezuela « puisse intégrer le Système interaméricain des droits humains », un organe de l’Organisation des États américains (OEA), une entité de laquelle M. Maduro a retiré son pays en raison de la non-reconnaissance de son gouvernement de la part de son secrétaire général, Luis Almagro.

M. Maduro a déclaré avoir discuté avec M. Petro de « nouvelles mesures en vue d’une ouverture totale » de la frontière de 2200 km, marquée par le trafic de drogue, la contrebande et l’action de groupes armés irréguliers.

M. Petro a estimé que la « route » vers la reconstruction des relations binationales commençait « par la reconstruction de la frontière » et la lutte contre les « mafias » qui la contrôlent. Il a à ce propos annoncé la reprise prochaine des « relations qui existaient au niveau du renseignement ».

Transport de marchandises

Depuis son élection le 7 août comme premier président de gauche de l’histoire de la Colombie, Gustavo Petro a entrepris de renouer les relations avec le Venezuela, après trois ans de rupture diplomatique.

Dans la lignée de son prédécesseur Hugo Chavez, Nicolas Maduro avait eu ces dernières années d’importantes tensions avec les prédécesseurs de droite de Gustavo Petro, Juan Manuel Santos et Ivan Duque, qu’il a même accusés d’avoir orchestré des plans pour l’assassiner.  

Cela avait conduit à la rupture des relations diplomatiques entre les deux pays en février 2019, peu après que M. Duque a reconnu le chef de l’opposition Juan Guaidó comme « président en fonctions » du Venezuela.

C’est la première fois en près de dix ans qu’un président colombien se rend à Caracas en visite officielle, la dernière remontant à celle de M. Santos en 2013, lors des funérailles d’Hugo Chavez.

L’une des premières grandes décisions du rapprochement Caracas-Bogota a été la réouverture de leur frontière de 2200 kilomètres pour le transport de marchandises, en septembre, dont le franchissement était restreint depuis 2015 et totalement bloqué depuis 2019.  

Les échanges commerciaux entre le Venezuela et la Colombie, qui atteignaient 7,2 milliards de dollars par an il y a 14 ans, ont chuté à 400 millions en 2021.