(Sao Paulo) Jair Bolsonaro et Luiz Inacio Lula da Silva ont échangé vendredi des attaques à l’emporte-pièce, s’accusant respectivement d’ivrognerie et d’être capable de cannibalisme, à environ trois semaines de leur duel serré au second tour de la présidentielle au Brésil.

L’équipe de campagne de l’ex-président de gauche Lula da Silva a exhumé et diffusé une vieille vidéo dans laquelle l’actuel président d’extrême droite Bolsonaro affirme qu’il serait capable de manger de la chair humaine.

Dans cette entrevue donnée au New York Times en 2016, M. Bolsonaro, alors simple député fédéral, décrit ce qu’il présente comme un rituel de la communauté autochtone Yanomami, dans l’État de Roraima (nord).

« Ils cuisinent ça pendant deux ou trois jours et ils le mangent avec de la banane. Je voulais voir l’Indien se faire cuire. Et là ils me disent : “si vous le voyez, vous devez le manger”. Je le mange ! », déclare M. Bolsonaro dans cet extrait, devenu viral sur les réseaux sociaux au Brésil.

« Après toutes les absurdités que le Brésil a déjà écouté de la part de Bolsonaro, en voici une autre, encore plus effroyable : il révèle qu’il mangerait de la chair humaine. Le Brésil ne supporte plus Bolsonaro », dit une voix hors champ dans la vidéo diffusée par l’équipe de campagne de M. Lula.

L’équipe de M. Bolsonaro a rétorqué que ces déclarations avaient été « sorties de leur contexte », et a annoncé un recours devant les autorités électorales. Et un dirigeant de la communauté Yanomami, Junior Hekurari, a catégoriquement nié l’existence de rituels cannibales dans sa culture.

La campagne en vue du second tour, le 30 octobre, s’est intensifiée ces derniers jours. Le dernier sondage Datafolha, publié vendredi, donne M. Lula vainqueur avec 53 % des voix contre 47 % pour M. Bolsonaro.

Le président d’extrême droite, qui qualifie régulièrement M. Lula de « voleur », l’a traité d’« ivrogne » vendredi pendant une conférence de presse au ton enflammé au palais de la Alvorada, sa résidence officielle à Brasilia.

M. Lula « va amener une clique d’incompétents pour commander le Brésil. Cela ne va pas fonctionner ! […] C’est notre liberté qui est en jeu ! » s’est-il emporté.

L’ex-président de gauche a réagi en affirmant qu’il ne répondrait pas « au jeu mesquin de Bolsonaro ». « Nous sommes face à un homme sans âme, sans cœur », a-t-il ajouté.